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Antisémitisme : plus ça change, plus c’est la même chose

Onfray a raison : l'antisionisme de gauche, c'est de l'antisémitisme


Antisémitisme : plus ça change, plus c’est la même chose
Michel Onfray, 2018. ©BALTEL/SIPA/SIPA / 00878145_000008

Pourquoi Michel Onfray, dans sa récente tribune du Journal du Dimanche, a eu raison de mettre les pieds dans le brouet antisioniste.


Depuis l’extermination des juifs pendant la deuxième guerre mondiale, depuis la Shoah donc, il est malvenu en Europe de s’afficher ouvertement antisémite. L’antiracisme, devenu une idéologie dominante, a englobé la persécution des juifs dans sa définition du racisme, de ce qu’il est permis ou non de dire et d’écrire.

Mais l’antisémitisme, depuis toujours, sait évoluer et s’adapter à l’air du temps. Tout en faisant mine de vouer un culte mémoriel aux juifs déportés et assassinés, il transfère l’ensemble de ses préjugés antijuifs sur l’Etat d’Israël et ce qu’il appelle « sa politique » à l’égard des Palestiniens.

L’antisémite traditionnel a toujours signifié qu’il n’avait pas de haine gratuite des juifs mais que son rejet des juifs allant jusqu’à la persécution et le souhait de leur disparition était légitimement provoqué par leur comportement nocif. Au Moyen-âge, les juifs était le peuple déicide et usurier, propagateur de la peste ; dans les temps modernes, ils étaient à la fois les capitalistes accapareurs et les bolcheviks fomenteurs de désordres sociaux et de révolutions sanglantes. 

De la même façon, c’est le comportement nocif d’Israël qui justifie qu’on souhaite sa condamnation et même, pour certains, sa disparition en le désarmant face à ses ennemis. Israël depuis son origine est vu par ses ennemis antisionistes comme un Etat colonialiste, pratiquant l’apartheid pour ne pas dire le génocide de la population palestinienne, y compris en tuant gratuitement des innocents, comme les juifs du Moyen-Age étaient accusés de pratiquer des crimes rituels sur des enfants. 

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Ce n’est pas la politique d’un gouvernement israélien en particulier qui est visée mais « la politique d’Israël ». Il s’agit là d’une essentialisation de l’Etat juif, très caractéristique de l’antisémitisme. On dit « Israël » comme on disait « le juif ». Ce qui est reproché à cet « Israël », c’est ce qu’on a toujours reproché aux juifs dans l’histoire : la volonté de domination du monde (« les Sages de Sion »), le meurtre des innocents, l’hostilité à l’égard des non-juifs, les « goyim », considérés comme du bétail à exploiter ou à exterminer. Les journaux nazis comme le Völkischer Beobachter qualifiaient les juifs de peuple « génocidaire » (en allemand, « Völkermörder »). 

Ainsi, envers les juifs, envers Israël, tout est permis. Ces assassins d’un peuple désarmé doivent être arrêtés à tout prix dans leur œuvre maudite. Préventivement, il faut les faire condamner dans toutes les instances existantes. Ce que fait Israël pour se défendre dans un environment hostile qui lui a fait la guerre en permanence depuis sa naissance, devient la preuve de son sectarisme et de son militarisme. Ses check points qui n’existaient pas avant les intifadas, ses citoyens en armes, ses normes excessives de sécurité, l’efficacité de ses services secrets tels le Mossad et le Shabak, deviennent autant de preuves qu’Israël est hostile et discriminant à l’égard de toute population qui n’est pas juive. En parlant d’apartheid, on oublie que les vingt pour cent d’Arabes, musulmans et chrétiens, bénéficient de tous les droits et avantages de la citoyenneté israélienne. 

Un Etat paria

La définition même d’Israël comme Etat juif est considérée comme une preuve de racisme, alors que dans l’esprit des sionistes, créateurs de l’Etat, le judaïsme n’était pas essentiellement une religion mais une nationalité, semblable à toutes celles qui ont vu le jour au XIXème siècle.

Le refus de l’existence d’un Etat juif souverain est la véritable source du conflit israélo-arabe alors que la propagande antisioniste fait croire que c’est l’existence d’un Etat défini comme juif, colonisateur illégitime et spoliateur, qui est à l’origine d’un conflit centenaire. On passe ainsi sous silence les nombreuses tentatives de créer un Etat pour les Arabes de Palestine, la corruption endémique dans les territoires et une idéologie islamiste qui ne veut pas d’Etat non musulman sur une terre appartenant de droit à l’Oumma. 

L’Etat d’Israël, dirigé par des gouvernements de gauche comme de droite, est un Etat imparfait qui a ses tares et ses faiblesses, comme tous les Etats démocratiques, mais il est victime d’un antisionisme négationniste et exterminateur qui veut faire d’Israël un Etat paria, « le juif des nations », destiné comme les juifs du passé à choisir entre la soumission ou la persécution, condamné à l’errance perpétuelle et à l’opprobre universel. L’injustice faite aux Arabes de Palestine, comparable à celle qui a été faite aux juifs des pays arabes, comme à beaucoup d’autres peuples sur la terre, ne justifie pas la poursuite éternelle de cette injustice qu’est l’antisémitisme appelé désormais antisionisme




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Essayiste et fondateur d'une approche et d'une école de psychologie politique clinique, " la Thérapie sociale", exercée en France et dans de nombreux pays en prévention ou en réconciliation de violences individuelles et collectives.

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