Il a dit : “Est-ce que vous êtes juifs ?”, puis il a craché. Le rabbin d’Orléans, Arié Engelberg, a été violemment agressé en pleine rue samedi après-midi alors qu’il rentrait chez lui avec son fils de neuf ans. La garde à vue du suspect, un mineur âgé de 16 ans, a été prolongée. La haine des juifs est le trait d’union de l’islamo-gauchisme, rappelle notre directrice de la rédaction dans sa chronique.
Emmanuel Macron dénonce le poison de l’antisémitisme. C’était un week-end ordinaire en France. Samedi, Arié Engelberg, le rabbin d’Orléans revenait de la synagogue avec son fils de 9 ans. Il est alors agressé, frappé et mordu par un individu qui hurle que tous les juifs sont des « fils de pute » et profère des insultes en arabe. Au même moment, quelques milliers de gauchistes (ils n’étaient finalement pas bien nombreux) défilaient contre le racisme. Une manifestation à laquelle il avait été appelé à participer avec une affiche proprement nazie. Dans le défilé parisien, quand un courageux (ou un inconscient) brandit la photo du bébé Kfir Bibas assassiné par le Hamas avant son premier anniversaire, Mathilde Panot l’ignore et Danièle Obono l’enjoint à aller le dire à Netanyahou. Un bébé assassiné parce qu’il est juif n’intéresse pas ces antiracistes. Leur seule cible, le coupable de tous les maux, c’est Israël, Etat qualifié de « génocidaire » (ils se moquent bien du 7-Octobre qui a déclenché cette guerre ou des massacres d’Assad et consorts). Par association, les juifs sont les nouveaux nazis. Donc, l’antisémitisme est un devoir.
Sales sionistes !
Je reviens d’Israël. Habituellement quand mes amis ou ma famille s’inquiètent pour moi, je rigole. En France on n’a pas le Hamas au sud et le Hezbollah au nord, c’est vrai. Mais, il y a tout de même un antisémitisme d’atmosphère décomplexé et présent à l’école comme à l’Assemblée nationale. Un tiers des enfants refusent d’avoir des relations avec leurs camarades juifs, nous apprend l’IFOP. La haine des juifs est le trait d’union de l’islamo-gauchisme. Le président Macron, qui n’a pas défilé en novembre 2023 pour ne pas froisser les quartiers, dit que nous ne cèderons pas, mais nous avons en réalité déjà cédé.
La plupart des Français sont certes révulsés par l’agression du rabbin. Saluons d’ailleurs la tribune du Monde[1] signée par Gabriel Attal, David Lisnard, Elisabeth Badinter, François Hollande, Aurore Bergé, Anne Hidalgo et beaucoup d’autres qui explique que l’antisionisme est le paravent de l’antisémitisme. Le texte cite Jankélévitch qui disait que «l’antisionisme est une incroyable aubaine, car il nous donne la permission d’être antisémite au nom de la démocratie ». La prise de conscience de tous ces signataires – notamment de gauche – est évidemment salutaire. Elle serait encore plus convaincante si plusieurs d’entre eux n’appartenaient pas à un parti qui a pactisé avec ce que Mme Badinter appelle désormais sans plus prendre de gants un parti antisémite. Admettons qu’on ne les y reprendra pas…
Un enjeu beaucoup plus large
Il y a aussi une autre raison d’espérer. Arié Engelberg s’est défendu. Après l’agression, il a dit à son fils « Papa ne s’est pas laissé faire ». Parfois, il faut combattre l’antisémitisme à coups de poings plutôt que de proclamations.
Et pour finir, j’ai envie de dire à tous ces Français qui comme le dit un personnage de Houellebecq, n’ont pas d’Israël, pas de « patrie de rechange » si les choses tournent mal, et à tous ceux qui pensent que ça ne les concerne pas : aujourd’hui, c’est les juifs, demain ce sera eux. Parce que trop blancs, trop assimilés, trop chrétiens ou trop français. L’enjeu, ce n’est pas le sort des juifs. C’est l’avenir de la France.
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin
[1] https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/03/21/pour-que-l-antisionisme-ne-serve-plus-de-pretexte-a-l-antisemitisme_6584276_3232.html
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !