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L’antisémitisme « modéré »: une hypocrisie de trop

L'antisionisme est trop souvent un masque pour l'antisémitisme


L’antisémitisme « modéré »: une hypocrisie de trop
Guy Bell/ Shutterstock/SIPA Shutterstock40778665_000006 Manifestation contre le projet d'annexion de la Cisjordanie, Londres, 18/7/20

Le propre de l’antisémite « modéré » est de pas se considérer comme antisémite, tout en proclamant que les juifs sont responsables de tout ce qui ne va pas dans le monde. Portrait-robot.


L’antisémite modéré ne supporte pas qu’on lui dise qu’il est antisémite. Il s’affirme plutôt antisioniste, en mettant en avant prioritairement les mauvaises actions éventuelles de l’Etat d’Israël sans trop insister sur celles commises par d’autres pays. Il a de la compassion pour les Palestiniens qu’il considère comme des résistants à une oppression et dont il justifie toujours les actions même lorsqu’elles ne sont conformes aux droits humains.  S’il ne nie pas la Shoah – en cela il n’est pas vraiment négationniste – il trouve que les juifs « en font trop » et qu’ils exploitent cyniquement ce malheur jusqu’à plus soif, en créant une hiérarchie factice entre les génocides du XXème siècle. Enfin, il cite toujours, et exclusivement, des noms juifs pour évoquer les auteurs des malheurs du temps, sans regarder si ces juifs se déclarent juifs et si c’est en tant que juifs qu’ils participent à une globalisation néfaste du monde. Sortir des phrases de leur contexte lui permet d’asseoir ses présupposés sur les paroles d’auteurs confirmés et peu soupçonnés d’antisémitisme.  « Ils en parlent tout le temps ».

Tous les génocides ne sont pas comparables. Pour avoir vécu et travaillé avec les bourreaux et les rescapés du génocide des Tutsis, je le sais bien.

Mon père avait perdu ses autres enfants, ses parents, ses grands-parents, ses frères et soeurs et tout le reste de la famille. Seul survivant, il a toujours refusé d’en parler. J’avais eu quatre frères et je ne l’ai jamais su avant la quarantaine, appris de la bouche d’un autre survivant. Ce sont surtout des Européens immigrationnistes à partir des années 70 qui ont placé la Shoah au centre de l’histoire pour justifier la nécessité d’accueillir l’Autre, l’étranger, et pour ne pas faire preuve d’intolérance à son égard, intolérance qui serait un sinistre rappel des « heures sombres et nauséabondes » de l’histoire de l’Europe. Tous les génocides ne sont pas comparables. Pour avoir vécu et travaillé avec les bourreaux et les rescapés du génocide des Tutsis, je le sais bien. La Shoah ne se distingue pas seulement par son extermination de masse sur un mode industriel mais elle fait suite à deux mille ans de persécutions, de pogromes et de tentatives d’extermination en Europe principalement. Les grands malheurs des peuples ne peuvent se comparer mais on ne pourra pas nier le caractère spécifique de l’extermination des juifs, qui se prolonge aujourd’hui dans un antisémitisme-antisionisme qui voit dans les juifs la cause première des malheurs du monde.

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Essayiste et fondateur d'une approche et d'une école de psychologie politique clinique, " la Thérapie sociale", exercée en France et dans de nombreux pays en prévention ou en réconciliation de violences individuelles et collectives.

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