Le « manifeste contre le nouvel antisémitisme » a fait parler. Parfois pour le saluer, souvent pour le nuancer. Il serait « dangereux » de parler d’antisémitisme en France. Et encore plus de nommer ses adeptes… L’édito d’Elisabeth Lévy.
C’est vrai, mais il ne faut pas le dire. Depuis quinze ans, au bas mot, l’existence d’un antisémitisme que l’on continue, bizarrement, à dire nouveau pour éviter de dire d’où il vient, est le secret de polichinelle le mieux gardé de la République. Des palais du gouvernement aux bistrots, tout le monde sait qu’il existe, qu’il n’est pas le fait de crânes rasés, mais de barbus, que c’est à cause de lui que des juifs quittent le pays : aussi surprenant que cela soit pour un journaliste de France Inter, on peut vivre avec des vieux crabes qui chantent des chants nazis, pas avec des gens qui agressent vos gosses. Il n’y a plus un enfant juif, aujourd’hui, dans les écoles publiques de Seine-Saint-Denis, tout le monde le sait, et tout le monde sait pourquoi : parce que dans la France d’aujourd’hui, il est, sinon impossible, très difficile pour des juifs « isolés » de vivre dans des quartiers majoritairement peuplés de musulmans. C’est un fait. Et si c’est vrai, on doit le dire.
L’antisémitisme est un problème français
Pour de nombreux juifs, et pour tous les Français qui pensent que l’antisémitisme
