Bruel, Le Pen et l’AFP : il n’est de bon juif que confessionnel


Je n’ajouterai qu’un bref commentaire au flot de paroles et d’écrits déversés à l’occasion du nouveau dérapage langagier du président d’honneur du FN.  Vieux cabotin de la scène politique, Jean-Marie Le Pen prend tous les risques, y compris celui de mettre sa fille en difficulté, pour se retrouver sous les feux de l’actualité. Jean-Marie Le Pen est et restera jusqu’à son trépas un antisémite de la vieille école française, celle des antidreyfusards et des maurrassiens. Au fil du temps, cet antisémitisme-là s’est dégradé en sorties graveleuses de fin de banquet. Il  est haïssable, mais il n’est pas exterminationniste comme celui des nazis, ni tueur de juifs comme celui des Merah et Nemmouche. Pour une certaine gauche, le Pen est le vieillard que l’on adore haïr, comme feu Stéphane Hessel était celui qu’on aimait adorer. Tous deux ont ou avaient une obsession : les juifs pour le premier, Israël pour le second. Ils ne méritent ni tant d’honneur, ni tant d’indignité.

En revanche, j’avoue avoir été irrité par la formulation employée par l’Agence France-Presse, reprise par l’ensemble des médias, pour expliquer que menacer Patrick Bruel d’une « fournée » était particulièrement ignoble : Patrick Bruel est «  de confession juive ». Pourquoi cette formule alambiquée alors qu’il était si simple de signaler  que le chanteur est juif, qualité qu’il a d’ailleurs toujours revendiquée. Avez-vous entendu Patrick Bruel déclarer qu’il est «  de confession juive » à un journaliste ? Non, jamais ! L’usage récurrent de cette expression dans le discours public montre combien il est difficile d’admettre, en France que l’appartenance au peuple juif n’est pas une simple affiliation religieuse, mais un destin collectif. Que, de plus cette appartenance n’est pas exclusive, bien au contraire, d’une loyauté sans faille et d’un amour profond pour la patrie française ? Lorsque les journalistes de l’Agence France-Presse et des grands médias auront compris cela, l’antisémitisme aura plus reculé qu’après une énième condamnation judiciaire de Jean-Marie Le Pen.



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