La France est le premier pays à avoir combattu l’antisémitisme avec un certain succès. Mais la haine des juifs est revenue dans les bagages d’une partie de l’immigration musulmane. Longtemps nié, ce fléau est de plus en plus largement reconnu. Maintenant qu’on sait, reste à savoir ce qu’on fait.
Oh non, pitié, encore l’antisémitisme ? Eh bien si, encore l’antisémitisme. Vous n’en avez pas marre de ces histoires de juifs ? Bien sûr qu’on en a marre, plus que vous peut-être, parce que, si c’est la première fois que Causeur lui consacre sa une, cela fait près de vingt ans que le « nouvel antisémitisme » s’invite régulièrement dans notre actualité. En comptant le meurtre de Sébastien Selam par son ami d’enfance en 2003 (qu’Emmanuel Macron a récemment qualifié d’antisémite), il a déjà tué treize fois. C’est lui qui explique, à partir de 2012 et des crimes de Merah, la recrudescence de l’alya française, mot hébreu désormais connu jusque dans nos campagnes qui désigne l’émigration juive vers Israël. Et c’est encore lui qui pousse de nombreux juifs de Seine-Saint-Denis à s’installer dans des « points de regroupements » – terrible formule employée par le politologue Jérôme Fourquet, auteur avec Sylvain Mantemach d’un ouvrage sur le sujet[tooltips content= »L’An prochain à Jérusalem ? Les Juifs de France face à l’antisémitisme, Jérôme Fourquet et Sylvain Manternach, éditions de l’Aube/Fondation Jean-Jaurès, 2016. »]1[/tooltips] –, soit dans les quelques villes du département où ils font encore nombre, soit quand ils le peuvent à Paris.
La France est le premier pays à avoir combattu l’antisémitisme
Si Causeur qui observe, jusqu’à l’obsession pensent certains, la crise de la nation française n’a pas déjà, comme Marianne, Le Point, L’Express et L’Obs, consacré une couverture à l’inquiétude des juifs de France (ou de juifs de France, soyons précis), qui est l’un des symptômes récurrents de cette crise, c’est peut-être parce que des juifs, il y en a quelques-uns dans la rédaction (enfin, à ce qu’on dit, je ne les ai pas comptés). C’est que nous, madame, on est un journal français. Et on ne voudrait pas laisser penser que le malheur juif nous préoccupe plus que le malheur français qui voit disparaître, entre écrans et voile islamique, ce que le président lui-même appelle la « civilité française ».
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Si nous avons décidé de pointer notre projecteur sur l’antisémitisme, ce n’est pas d’abord parce qu’il cause du tort aux juifs (ce qui est évidemment problématique en soi), mais parce qu’il abîme la pluralité française. Et parce que, contrairement au BHL de l’Idéologie française, nous retenons de notre passé que la France a été la première terre de résistance à la haine des juifs et que cela a contribué à faire d’elle ce qu’elle est. De l’émancipation à l’affaire Dreyfus, c’est en France que les juifs ont le plus tôt fait l’expérience de la liberté. Et c’est dans la France pétainiste et antisémite que des juifs ont survécu en nombre significatif, suffisamment en tout cas pour participer ensuite à la lutte des classes des deux côtés, le parti de la révolution (puis de l’université) pour les uns, celui du capitalisme (par la case Sentier) pour les autres.
Si nous décidons aujourd’hui d’« en parler », au risque de faire voler les assiettes comme dans le dessin de Caran d’Ache, ce n’est pas tant pour dénoncer une occultation ou déplorer un abandon que pour saluer un réveil. Le 24 mai, la cour d’appel de Paris a confirmé la relaxe de notre ami Georges Bensoussan, poursuivi par des associations pour avoir observé un antisémitisme culturel dans certaines familles musulmanes. Les tribulations de David Duquesne, dont le prénom a toujours été une source d’embarras dans sa famille maternelle musulmane, prouvent si besoin est qu’il ne s’agit nullement d’un « fantasme islamophobe ». N’empêche, après cet arrêt, qui prouve que, dans le pays qui a érigé la liberté d’expression au rang de droit fondamental, on peut voir ce que l’on voit sans être diffamé comme raciste. Cette victoire n’entame pas vraiment le pessimisme de l’historien, érudit des relations judéo-arabes, qui reste convaincu que la France qu’il aime est en train de mourir (pages 50-55). Qu’il nous permette cependant de ne pas bouder sa victoire. Surtout après la parution, dans Le Parisien du 22 avril, du « manifeste contre le nouvel antisémitisme » signé par 300 personnalités de premier rang (et depuis par plusieurs dizaines de milliers de vous et moi), qui commence par les mots suivants : « L’antisémitisme n’est pas l’affaire des juifs, c’est l’affaire de tous. »
Cinquante nuances de juifs
On peut être en désaccord avec le terme « épuration ethnique » employé pour parler du 9-3, de même qu’avec la demande de réinterprétation du Coran adressée aux musulmans. Reste que si ce texte a fait s’étrangler l’extrême gauche universitaire et les journalistes de France Inter autant que le président Erdogan (qui a aimablement déclaré que ses signataires étaient la version occidentale de Daech) et le patron des Frères musulmans français, il ne doit pas être si mauvais.
Signe supplémentaire de ce que l’antisémitisme est décidément une affaire très française, le manifeste a déclenché une de ces guerres de tranchées idéologico-intellectuelles que le monde nous envie, avec tribunes, contre-tribunes et arguments plus ou moins inspirés fusant comme des balles. Les juifs auraient tort de se plaindre de cette effervescence : comme dans l’histoire de la mère que son fils ne va jamais voir, mais qu’est-ce qu’il paye pour parler de moi, on ne sait pas si les Français aiment les juifs, mais qu’est-ce qu’ils passent comme temps à s’empailler à leur sujet !
Certains, parmi les amis de Georges Bensoussan, s’émeuvent de voir des juifs militer, voire témoigner contre lui. Ils ont tort. Tant mieux si des juifs figurent dans les cinquante nuances de pétitionnaires de gauche, tant mieux même s’il y en a, comme Claude Askolovitch, pour déplorer que ce manifeste « glaçant » (mais partagé par madame sa mère que nous saluons) fasse « de la lutte pour les juifs une composante du combat identitaire français ». D’abord, cher Asko, il ne s’agit pas d’une lutte pour les juifs et deuxièmement, pourquoi la volonté d’un peuple (le Français) de survivre comme peuple serait-elle méprisable ? Parce que « cette identité exclut », assène Askolovitch. Pardon, mais qu’il aille se promener dans certains quartiers et il verra qu’elle est plutôt exclue. En tout cas, il n’y a pas en France de parti des juifs, ni de juifs traîtres à leur cause, mais des individus libres de choisir dans quelle partie du foutoir français ils se reconnaissent – et de voter pour Mélenchon ou Le Pen si ça leur chante.
Hidalgo, manifestement gênée
Avant de dresser le bilan de cette opération d’agit-prop menée sur le mode commando, il faut raconter sa genèse. Nul n’ignore que son principal rédacteur est Philippe Val, l’homme qui a publié les caricatures de Mahomet à la une de Charlie Hebdo, et à qui une partie de la gauche ne pardonne ni son amitié pour Nicolas Sarkozy ni son sionisme. Comme il nous le raconte (pages 56-60), l’idée d’un appel est venue de Mickael Palvin, directeur marketing chez Albin Michel – et pas juif du tout précise ce dernier en riant –, qui est également à l’origine de l’ouvrage collectif sur Le Nouvel Antisémitisme en France préfacé par Élisabeth de Fontenay et rassemblant des psychanalystes et des intellectuels comme Pascal Bruckner, Luc Ferry et Boualem Sansal. Autant dire qu’il n’a pas dû s’amuser tous les jours à mettre ce petit monde d’accord.
Tandis que Val écrit et réécrit le texte, sous la pression incessante de tous ceux qui exigent que l’on change telle ou telle formulation, sinon je retire ma signature, Palvin et quelques autres se jouent du téléphone, chacun dans son réseau. Val obtient l’accord de Nicolas Sarkozy et de son épouse, sans doute déterminant pour attirer des stars, dans la politique d’un côté, le show-biz de l’autre. Arditi, Depardieu, Michel Jonasz, pour les paillettes, la liste a belle allure. Côté journalistes, on voit se mouiller des stars de la profession, comme Marc-Olivier Fogiel et Philippe Labro, qui ne sont pas vraiment des pétitionnaires professionnels, tout comme Antoine Compagnon, l’un des meilleurs connaisseurs de notre littérature. Le ralliement de Sibyle Veil (qui n’est pas encore à ce moment-là présidente de Radio France) lève quelques inhibitions, dont celles de Laure Adler, dans la Maison ronde. Mais c’est surtout la présence de politiques de très haut niveau qui frappe l’opinion. Comme Valls et Cazeneuve, Jean-Pierre Raffarin signe des deux mains, il fera même le service après-vente. Dans ces conditions, les absences ne sont pas moins significatives que les présences. François Hollande hésite jusqu’au dernier moment avant de décliner le samedi 21 avril – « peut-être ne voulait-il pas polluer la promo de son livre », s’amuse un des conjurés. Il y a aussi le psychodrame Hidalgo que son cabinet accuse Val d’avoir ébruité. Je jure donc avoir eu vent par d’autres sources du fait que la maire de Paris avait décidé de signer, avant de se rétracter, on ignore sous quelles pressions.
On ne s’étonnera guère de ne pas trouver, parmi les signataires, de représentant de la France insoumise (qui a sobrement jugé que le texte était à côté de la plaque) et du Front national (qui n’a pas été sollicité, soit par principe, soit pour ne pas fournir une raison commode de ne pas signer aux autres). Il est plus surprenant, en revanche, qu’il y ait aussi peu de macroniens – trois ou quatre personnes, fort estimables certes, comme l’excellente Ilana Cicurel, responsable du secteur culture à La République en marche, mais qui ne sont pas vraiment en première ligne, à l’exception de la députée Aurore Bergé.
« Vous voyez un ministre dire à un imam qu’il doit faire son Vatican II ? »
Si Val et Palvin restent très évasifs à ce sujet, beaucoup de gens qui ont grenouillé autour du texte confirment qu’il y a visiblement eu un problème. Selon ces sources convergentes, Marlène Schiappa, la secrétaire d’État à l’écologie Brune Poirson et d’autres membres du gouvernement, dont Benjamin Griveaux (ce que son entourage nie avec énergie), avaient annoncé leur signature, avant de changer d’avis comme un seul homme. En tout cas, je ne sais pas ce que les macroniens font aux indics qui rencardent la presse, mais j’ai eu beau susurrer, tempêter, ruser, je n’ai pas obtenu le moindre aveu, pas le plus petit accroc dans le story-telling. Bruno Roger-Petit, porte-parole de l’Élysée, s’est fendu d’un texto résumant la vérité officielle : « Aucune consigne venue d’en haut. » Où suis-je allée chercher une idée pareille ?
Sauf qu’à l’évidence, il y en a eu une, de consigne. D’où est-elle venue, mystère et boule de gomme – de l’Élysée pour les uns, du parti et de Castaner pour les autres. Sinon, pourquoi la malheureuse Brune Poirson, qui s’est rétractée trop tard, figure-t-elle dans la liste du Parisien alors que son nom a disparu de la liste numérique ? D’ailleurs, comme dans l’histoire du chaudron (ton chaudron n’était pas percé, et tu ne m’as jamais prêté de chaudron), un conseiller ministériel lâche tout le mal qu’il pense du texte que son ministre n’a jamais eu l’intention de signer. « Quand on le lit, on a l’impression que personne ne fait rien, que personne ne voit rien. Or, le président a eu des mots très forts aux Invalides, avant de se rendre aux obsèques de Mireille Knoll. Vous n’avez pas le droit de mettre en cause son engagement sur le sujet. Ni, d’ailleurs, celui de Christophe Castaner qui a personnellement demandé aux militants de se rendre à la marche blanche. » On respire. Si la macronie a boudé, c’est donc une histoire de susceptibilité, de vexation due au fait que le manifeste a oublié de célébrer la fermeté présidentielle ? Soyons honnête, pas seulement. « Vous voyez un ministre dire à un imam qu’il doit faire son Vatican II ? », persifle le conseiller. De fait, alors que l’État s’apprête à négocier avec les représentants de l’islam de France, on peut comprendre qu’il ne veuille pas les indisposer en endossant un texte qui ne prend pas de gants avec leur religion.
C’est d’abord à l’intérieur de la gauche que le manifeste a suscité une foire d’empoigne
Nul ne soupçonne le président d’être indifférent à la « question antisémite » en France, les mots très forts qu’il a eus à plusieurs reprises en témoignent. On aimerait être sûr, cependant, que la saine prudence dont a fait preuve son entourage vis-à-vis du manifeste n’est pas le masque de l’impuissance ; ou, ce qui serait encore plus fâcheux, le prélude à l’acceptation de la fragmentation multiculturelle du pays, acceptation qui verrait l’islam non pas comme une source de la crise de l’intégration mais comme une de ses solutions. Cependant, c’est d’abord à l’intérieur de la gauche que le manifeste a suscité une foire d’empoigne. C’est que l’antisémitisme est depuis une bonne vingtaine d’années le grand secret de polichinelle de ce camp politique, au point d’avoir suscité un chassé-croisé brillamment analysé par Jacques Julliard : « Aujourd’hui, quand vous entendez quelqu’un prendre la défense des musulmans, vous pouvez être sûr qu’il est de gauche ou qu’il se croit tel. Quand vous en entendez un autre prendre la défense des juifs, vous pouvez désormais présumer qu’il est de droite. » Ne nous emballons pas, l’ensemble de la gauche est loin d’avoir fait son aggiornamento sur le sujet. Mais quand Alexis Corbière député LFI de Seine-Saint-Denis affirme, à propos de « l’épuration ethnique à bas bruit », qu’il trouve la formule « un peu dure, un peu forte », mais que « sur le fond, c’est une réalité », on se dit que les lignes peuvent bouger. Du reste, pas mal de sociaux-démocrates bon teint, emmenés par Mario Stasi, le président de la Licra (qui affirme soutenir également le manifeste) et par Laurence Rossignol, ont signé un troisième texte, intitulé « Combattons l’antisémitisme dans sa globalité ». S’ils se désolent que les signataires du Parisien aient oublié de s’en prendre au populisme (le vrai danger, ainsi que Le Monde le prêche quotidiennement, il n’y a qu’à voir Orbán), eux aussi admettent cependant l’existence d’une haine des juifs liée à l’islamisme.
Soyons justes, en février, donc avant la parution du manifeste, Mediapart avait déjà publié une longue enquête de Joseph Confavreux intitulée « Antisémitisme : les gauches suspectées ». Certes, il y affirme que les études ne montrent pas de façon concluante un antisémitisme plus répandu chez les musulmans que chez les autres Français – ce que prouvent au contraire non seulement tous les travaux scientifiques mais aussi le sens commun. Mais il cite également Philippe Corcuff qui s’attriste de voir la gauche radicale, sa famille politique, « baisser la garde » face à la réactivation actuelle de l’antisémitisme. Confavreux va jusqu’à comprendre que certains juifs « reçoivent comme une manifestation d’antisémitisme une photo postée par Houria Bouteldja dans laquelle elle pose, souriante, à côté d’une inscription marquée “Sionistes au goulag”. » On progresse.
Bien sûr, pour l’essentiel, les éminences du radical-chic se livrent au noyage de poisson habituel (le problème, c’est la politique raciste d’Israël, État « autoproclamé juif », comprenne qui pourra…), assorti d’imprécations à l’endroit de leurs adversaires accusés d’appeler « à une guerre civile larvée qui ne dit pas son nom ». Il faut bien rire un peu : dans un texte intitulé « Non, l’islam radical n’est pas seul responsable des agressions contre les juifs » (ce qui veut tout de même dire qu’il l’est en partie) et paru dans Le Monde le 3 mai, Thomas Piketty, Étienne Balibar, Bertrand Badie et beaucoup d’autres s’insurgent contre l’emploi du terme « épuration ethnique » pour désigner, restez assis, « la fuite des quartiers paupérisés vers des quartiers plus “sécurisés” et gentrifiés de certaines fractions de la population juive. » « Quand, dans l’Afrique du Sud post-apartheid, des fractions aisées de la population noire ont quitté les townships pour des quartiers blancs et que les Blancs ont déserté ces mêmes quartiers, a-t-on parlé d’une “épuration ethnique” ? » s’indignent nos bons esprits. Bon sang mais c’est bien sûr, ces salauds de juifs quittent La Courneuve pour se retrouver entre riches – au Raincy ou à Épinay-sur-Seine.
Si nous avons choisi d’inviter Pascal Boniface à un dialogue – passablement tendu au demeurant (voir pages 62-65) – sur le sujet, bien qu’il n’ait signé aucun des textes, c’est parce que depuis 2001, date à laquelle il rédigeait sa fameuse note critiquant la ligne pro-israélienne du Parti socialiste, son nom est emblématique du divorce entre la gauche et nombre de juifs communautaires. Alors qu’il estime avoir été accusé à tort, le minimum était de le laisser s’expliquer. Quoi qu’on en dise, l’étiquette d’antisémite n’est pas de celles qui se portent aisément. Je ne crois pas que Pascal Boniface soit personnellement antisémite. Et depuis vingt ans qu’elle lui colle aux doigts, on pourrait comprendre qu’il en ait marre des juifs. Mais à sortir de sa manche une victime arabe ou musulmane pour chaque victime juive, il encourt au minimum le reproche de vouloir minimiser.
Le « nouvel antisémitisme » et la « nouvelle France »
Reste à s’interroger, pour finir, sur les réactions des musulmans. Le mois dernier, j’ai peut-être réagi trop vite, et trop durement à la tribune signée par trente imams. Que des croyants n’apprécient pas que l’on fasse de leur livre sacré une source de violence, c’est finalement assez naturel – qu’aurait-on dit d’eux dans les banlieues s’ils avaient approuvé… En revanche, que des dignitaires musulmans admettent l’existence d’un problème structurel d’antisémitisme dans une partie de leur jeunesse, au risque de se l’aliéner encore plus, c’est plutôt nouveau et, comme le note Rachid Benzine, chercheur et théologien qui appelle (pages 68-71) à une lecture historico-critique du Coran, on leur a assez reproché leur silence pour ne pas applaudir quand ils prennent la parole. Enfin, si 30 % des musulmans de France (40 % chez les jeunes) sont tentés par la sécession culturelle et la détestation des juifs qui va avec, cela signifie que 70 % ne le sont pas. Le manifeste a sans doute contribué à leur prise de conscience.
Bien sûr, on n’en a pas fini du jour au lendemain avec ce « nouvel antisémitisme » – qui a bien quelque chose à voir avec la « nouvelle France » et ses difficultés d’acculturation –, et pas non plus avec le déni, ni avec les noms d’oiseaux et les invectives qui continueront à s’abattre sur ceux qui tirent le signal d’alarme. À lire Alain Finkielkraut (page 61), on se dit qu’on n’en a pas non plus fini avec les articles du Monde à la gloire de Marwan Muhammad, le fondateur du CCIF, et de l’islamo-gauche en général. N’empêche, si on veut, comme votre servante, voir le verre à moitié plein, on doit reconnaître avec Élisabeth de Fontenay qu’aujourd’hui les juifs ne sont plus seuls. Et se réjouir des progrès de la lucidité. Même à gauche, ce qui n’est pas rien. Et même parmi les musulmans, ce qui est énorme.
Seulement, savoir, c’est très bien, mais maintenant qu’on sait, que faire ? Or, hormis mener un vaste combat culturel qui, dans le meilleur des cas, protégera les générations futures, personne n’a de réponse convaincante à cette question. En attendant d’apprendre à faire disparaître les mauvaises idées ou à empêcher leur contagion, il faut se contenter de protéger physiquement ceux qu’elles pourraient mettre en danger. Depuis la parution du manifeste, le dispositif de protection autour de Philippe Val a été considérablement renforcé. En raison, paraît-il de nouvelles menaces d’Al-Qaïda. La terre promise du vivre-ensemble n’est pas encore en vue…
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