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L’antisémitisme en Belgique à son plus haut niveau

"Certains chiffres donnent une image mitigée du « vivre ensemble » à la belge tant vantée par les médias et les acteurs politiques", observe l'institut Jonathas, créé après les massacres du 7 octobre


L’antisémitisme en Belgique à son plus haut niveau
Manifestation pour la Palestine, Bruxelles, 25 juillet 2014 © Yves Logghe/AP/SIPA

Selon un sondage IPSOS pour l’Institut Jonathas, 14% des Belges expriment une aversion pour les Juifs, deux fois plus que les Français. Ce chiffre monte à 22% à Bruxelles où 11% de la population a de la sympathie pour le Hamas. Alarmant.


On savait l’antisémitisme répandu en Belgique, ce sondage en apporte une nouvelle confirmation et montre que la perception des juifs s’est encore beaucoup dégradée depuis le 7 octobre avec l’augmentation d’actes antisémites, dénoncés par La Ligue Belge contre l’antisémitisme. Ce qui frappe dans le sondage, c’est qu’à chaque question, le préjugé antisémite est beaucoup plus important à Bruxelles qu’au niveau national : la capitale de la Belgique et de l’Europe compte 30 à 40% de musulmans.

Affolant

Ainsi, 16% des Bruxellois pensent qu’il y a trop de juifs en Belgique (contre 11% au niveau national), 29% qu’ils sont responsables des crises économiques (14%), 48% qu’ils se sentent supérieurs aux autres (34%), 47% qu’ils font subir aux Palestiniens ce que les Allemands ont fait subir aux juifs (35%).
Sur l’ensemble du pays, 43% des musulmans pensent que «les Juifs belges ne sont pas vraiment des Belges comme les autres»

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Ces chiffres sont affolants. Le constat n’est cependant pas sans défaut. Les conclusions de l’étude minimisent le facteur central de l’antisémitisme contemporain en Belgique qui est l’implantation, relativement récente, de l’islam. Elle met sur le même pied comme coresponsables de cette situation les musulmans, l’extrême droite et l’extrême gauche, ces deux dernières étant définies selon une méthode propre à l’Ipsos et représentant respectivement 4 et 2% de l’échantillon. Pourtant, l’extrême gauche et la gauche en Belgique, comme en France, ont pris massivement fait et cause pour les Palestiniens dans le conflit à Gaza, leurs actions s’accompagnant souvent de débordements antisémites. À l’inverse, le Vlaams Belang en Belgique et le Rassemblement national en France, des partis généralement, mais de façon contestable, qualifiés d’extrême-droite, ont plutôt montré de la sympathie envers Israël et n’ont été à l’origine d’aucun dérapage antisémite depuis le 7 octobre. Sans doute que ce nouvel Institut Jonathas, créé au début de l’année 2024, par des personnalités libérales de gauche, éprouve encore quelques difficultés à se débarrasser des anciens logiciels assimilant l’antisémitisme à la chrétienté ou à l’extrême droite.
De nombreux autres signaux témoignent de cette triste réalité que les juifs ne sont plus en sécurité à Bruxelles. Les lieux communautaires juifs sont protégés par des plots de béton, des caméras et un sas d’entrée. Alors que le voile est omniprésent dans l’espace public bruxellois (porté par plus de la moitié des femmes dans certains quartiers), on ne voit plus de kippa dans les rues de Bruxelles. Une école juive située près de la Gare du Midi, quartier à dominante musulmane, a dû déménager après la multiplication d’incidents mettant en danger les adolescents juifs qui prenaient le métro. La Shoah n’est plus enseignée depuis belle lurette dans la majorité des écoles de Bruxelles. Sur le campus de la mal nommée Université Libre de Bruxelles, des étudiants juifs ont été harcelés et molestés après le 7 octobre.

La classe politique passive

Cependant, dès 2011, une étude du sociologue Mark Elchardus de la VUB (Vrij Universiteit Brussels) démontrait que la moitié des élèves musulmans bruxellois étaient antisémites.
En réalité, la montée de l’antisémitisme est contemporaine de la croissance de l’immigration musulmane qui a connu une accélération à partir de l’an 2000. Le monde politique a fait comme les trois singes : ne pas voir, ne pas entendre, ne rien dire. Lors des commémorations de la Shoah, les autorités répètent la main sur le cœur que l’antisémitisme n’a pas sa place en Belgique, tout en assistant passivement à sa montée en puissance sans jamais vouloir la reconnaître. Le vote musulman est devenu indispensable aux succès des partis de gauche dont le poids électoral à Bruxelles, conséquence de l’immigration, est passé de 34 à 54 % en vingt ans. Face aux dizaines et désormais centaines de milliers de voix musulmanes, celles des trente mille juifs de Belgique, une vraie minorité celle-là, ne pèsent pas lourd. Nous sommes quelques-uns à avoir tenté, en vain, d’alerter depuis 20 ans sur cette tendance lourde que ni les médias, ni le monde politique n’ont voulu voir.

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Mais ce sont peut-être les témoignages bouleversants de juifs de Bruxelles qui sont les plus parlants : «Arrivé de Hongrie en 1945, mon grand-père m’a toujours dit que la Belgique était un pays sûr pour les Juifs et que notre famille n’y risquerait jamais rien. Aujourd’hui, j’explique à mes enfants que leur futur n’est pas ici et qu’ils doivent se préparer à faire leur vie ailleurs», m’a confié un compatriote. Un autre, dont la famille a quitté la Turquie au début du XXème siècle, a déménagé au Portugal après le 7 octobre, observe : «Bruxelles est un territoire perdu par ses calculs politiques basés sur un communautarisme exacerbé. Contrairement à la France, il n’y a pas de vraie ligne rouge. Si le danger n’est pas immédiat, l’atmosphère ne laisse pas de place à un quelconque espoir». Le destin des juifs belges semble scellé, car ces témoignages valent toutes les analyses. La Belgique devient peu à peu Judenrein, tout en célébrant dans la joie et la bonne conscience, la grande messe du vivre-ensemble…

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Sénateur honoraire belge, ex-secrétaire général de Médecins sans frontières, ex-président de l’International Crisis Group

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