L’extrême-gauche a besoin du fantasme fasciste pour justifier son existence. En réalité, c’est elle – et pas du tout la droite – qui pratique la violence de manière parfaitement décomplexée. Tribune de Corinne Berger.
Comme le dit si bien Élisabeth Lévy (et on verra qu’elle n’est pas la seule à filer la métaphore commerciale), la quinzaine antifasciste est ouverte. Se draper dans le courage et la vertu est quand même bien pratique lorsque l’ennemi n’existe pas (ou alors à la marge de la marge) et qu’il ne représente aucun danger réel. On comprend depuis déjà pas mal de temps qu’une bonne partie de la gauche a besoin de ce fantasme pour exister.
Et si l’on cherche le fascisme aujourd’hui en France, on pourrait bien le trouver du côté de ceux qui prétendent le combattre. Les exemples abondent de manifestations violentes contre l’État et sa police, d’exactions contre des personnes, des partis, des associations qui n’ont pas l’heur de complaire à ces parangons de vertu démocratique prompts à intimider, interdire, voire saccager et recourir à la violence physique.
Les collages politiques sauvages que le « fascisme » aux portes du pouvoir suscite depuis quelques jours sont éloquents : ils révèlent un inconscient proprement terrifiant, ou plus sûrement une conscience cynique et manipulatrice qui joue sur toutes les ambiguïtés.
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On peut lire sur un de ces collages : « Fachistes Capitalistes Racistes Ultras (sic) riches Tout doit disparaître LIQUIDATION TOTALE ». Passons sur l’énumération initiale, qui amalgame sans surprise (et sans vergogne) l’argent avec le racisme et le fascisme (vocable dont l’orthographe francisée a dû échapper à ces fervents patriotes… à moins que ce choix ne rappelle sciemment l’aimable diminutif « facho » distribué à l’envi à tous ceux qui ont le mauvais goût d’aimer leur pays et de s’inquiéter des effets de la submersion migratoire).
L’essentiel de ce placard repose bien sûr sur le double sens des termes « disparaître » et « liquidation ». On peut ne voir dans ces formules qu’un innocent jeu de mots usant du lexique commercial pour exprimer une opposition politique, mais le sous-texte est clair : la table rase que ces gens appellent de leurs vœux est à prendre au sens propre… et au sérieux. Il s’agit de faire « disparaître » des adversaires perçus comme des ennemis à abattre, et on sait ce que signifie le verbe liquider lorsqu’il a pour objet une personne. Cette prose antifa est purement et simplement un appel subliminal au meurtre politique.
Où sont les vrais fachos ?
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