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Antifas: une passion française?

L'anticapitalisme en habits noirs, dans nos rues


Antifas: une passion française?
Rennes, le 15 avril 2023. © Justin PICAUD/Sipa

En France, les antifas bénéficient d’un régime de faveur. Soutenus par la presse bien-pensante et couvés par les intellos nostalgiques de leurs années Mao, ces guérilleros luttent ouvertement contre l’autorité : l’État et sa police. S’appuyant autant sur la violence que sur la communication, ils livrent une guerre psychologique.


En France, pays centralisé à la gouvernance verticale et à l’esprit cartésien, on a du mal à comprendre les antifas, organisation anonyme, sans structure hiérarchique et sans manifeste politique explicite. Ces nouveaux révolutionnaires représentent une rupture par rapport au dirigisme robespierriste ou léniniste des extrémistes de gauche du passé. La France est néanmoins devenue une terre d’élection pour les antifas qui ont su marier les traditions anticapitalistes autochtones et des influences absorbées de l’étranger. Les origines de ces groupuscules se trouvent dans les bandes de « chasseurs de skinheads » des années 1980 et 1990. Plus structurés après 2000, ils importent des aspects de l’antifascisme allemand, notamment le logo antifa, combinant les drapeaux rouge et noir, et la tactique du black bloc. Ce terme désigne, non une organisation, mais un certain comportement dans les manifestations : port de vêtements noirs et de cagoules qui cachent l’identité des acteurs, manœuvres coordonnées qui maximisent l’efficacité d’actions violentes. Cette tactique a fait ses preuves au cours des protestations altermondialistes au sommet de l’OMC à Seattle en 1999, ainsi qu’au sommet du G8 à Gênes en 2001. Le premier groupe français à s’appeler antifa est l’Action antifasciste Paris-Banlieue (AFA P-B), créé entre 2007 et 2009. C’est à partir de la contestation de la loi Travail en 2016 que les groupuscules hexagonaux perfectionnent leur capacité à exploiter les grandes manifestations pour se mettre en avant et affronter les forces de l’ordre, notamment en se constituant en cortège de tête des défilés. À la différence des « casseurs », qui sont des opportunistes attirés par le pillage, les antifas dégradent les façades des entreprises et des banques en tant que symboles du capitalisme. À partir des 2017, les antifas américains apportent à leurs collègues français la doctrine wokiste et leur offrent l’exemple d’un réseau géographique à très grande échelle, d’une série de violences spectaculaires dirigées contre les institutions étatiques et de la campagne la plus développée pour couper le budget des forces de l’ordre. Derrière le désordre apparent des actions entreprises par les différents groupuscules antifas en France, il existe un projet commun. Plus inquiétant encore, ils ne sont pas marginalisés, mais font partie de tout un écosystème dédié à ce projet[1].

Une indiscipline disciplinée

Le principe d’organisation des antifas ne passe pas par l’adhésion formelle. Il n’y a pas d’encartés,


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Mai 2023 – Causeur #112

Article extrait du Magazine Causeur




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est directeur adjoint de la rédaction de Causeur.

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