Stationnement : le cadeau d’Anne Hidalgo aux parisiens


Rentrée de réveillon la veille, je m’interroge tandis que je cherche ma voiture du regard. La hausse des prix de stationnement sera-­t-­elle appliquée dès le premier jour de la nouvelle année ou peut on espérer un temps de procédure, de mise en application, de discussion ­ un de ces termes que l’on entend si souvent quand on attend un retour rapide de l’administration- un petit temps qui offrirait un sursis à ces nouveaux frais annoncés?

La réponse de l’automate ne s’est pas fait attendre : dorénavant, je devrai payer 9 euros pour me garer dans mon quartier, le XIIIème, en semaine et le samedi. Car, et c’est le deuxième cadeau d’Anne Hidalgo aux parisiens moyens, le samedi devient payant. À entendre la maire de Paris, le congé de fin de semaine, tout comme celui d’été, acquis socialiste qui plus est, que l’on accordait à la famille, à la culture et aux loisirs, est démodé : « L’évolution des usages en matière de congés» justifie que l’on rende le mois d’août payant. Celui-ci n’étant plus marqué « significativement » par une « baisse d’activité pour tous ». Gageons que ce nouveau slogan capitaliste « pas de baisse d’activité pour tous » ne résonne pas aussi bien aux oreilles de l’électorat parisien que le « pour tous » de Mme Taubira. De plus, j’ignore ce que fait Anne Hidalgo de ses vacances d’été mais elle n’est certainement pas à Paris. Autrement, elle saurait qu’on y trouve vitrine close à chaque coin de rue, que chercher son pain devient une mission stratégique qui nécessite parfois une organisation à plusieurs, que prendre un café en terrasse devient un projet illusoire, sauf en zone touristique, et enfin, que le service administratif est arrêté, définitivement arrêté, tout le temps de l’été.

Mon ticket de résidence débité, je tente de comprendre les motifs de l’acharnement hidalguesque sur les voitures des plus pauvres, qui ne peuvent, eux, s’offrir le luxe d’un parking sous-terrain.

« Inciter les riverains à utiliser d’avantage les 82% des places situées hors voies publiques » a martelé Anne Hidalgo avant les dernières municipales. Mais, notre maire croit-elle vraiment que si j’avais le choix, je m’amuserais à garer ma vieille Fiat Uno dehors, alors qu’elle ne démarre plus au premier coup de froid ? Anne Hidalgo croit-elle que j’aime chercher une place pendant 30 minutes minimum à chaque déplacement, au point de ne vouloir garer confortablement mon véhicule en sous-­sol ? Il y a bien un parking sous mon immeuble moderne, mais à 70 euros par mois contre 13 euros en plein air, le calcul était vite fait. Aujourd’hui, à 36 euros le mois, je continuerai de me garer sur les voies publiques car je n’ai pas encore trouvé d’alternative plus économique. Et les tarifs de parkings ne sont pas prêts de diminuer, au contraire, puisqu’ils bénéficient d’une demande croissante.

Certes, il faut lutter contre la pollution, diminuer les déplacements motorisés, développer les transports en commun. Et quoi, qu’est-­ce que j’apprends ? Le prix des tickets RATP a encore augmenté (le carnet de ticket a augmenté d’un euro et le passe Navigo de 2,90 euros en zone 1 et 2) ? Et Guillaume Pépy, le directeur de la SNCF, vient d’annoncer une hausse de 2,6 % sur les TER, intercités et TGV ? Ou est la cohérence ?

De plus, la méthode la plus efficace pour soulager la congestion automobile à Paris, et donc la pollution, serait de proposer plus de places de stationnement, pas de les limiter. Une étude de l’INRIX de 2012 établit ainsi que 20% du flux de circulation parisien est constitué d’automobilistes en recherche de stationnement.

« Tous à nos vélos ! » devrions nous conclure. Dans mon cas, c’est déjà fait. Je suis une accro de la pédale, et ne circulais, il y a peu, qu’en deux roues. Mais j’ai dû arrêter. Je suis enceinte et bientôt, même le plus beau des vélos ne me permettra plus de transporter bébé, poussette, biberons, sac à langer, etc.

Et puis, tous ne l’entendent pas de cette oreille-là.  Aux deux roues sportives, certains préfèrent les deux roues motrices. Scooter et motos sont ainsi passés de 4% à 9 % du parc d’engins motorisés depuis 2001. Ce qui fait la part belle aux particules fines tant décriées chez les automobilistes.

Les seuls qui sont véritablement avantagés dans cette affaire, ce sont les propriétaires de voiture électrique : placement gratuit en voie publique. Pas besoin de carte de résident, pas de tickets de stationnement. Bref, soit vous êtes riche, soit vous pouvez espérer qu’en vingt ou vingt-cinq ans, vous aurez amorti le surcoût des voiturettes à piles…



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est journaliste à Causeur

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