A Paris, les cyclistes ne peuvent plus circuler tranquilles sur les trottoirs sans être gênés par un piéton: cette situation doit cesser!
J’ai toujours vécu à Paris, et je dois dire aujourd’hui ma déception et ma frustration, croissantes depuis quelque temps. Je précise sans tarder que je n’ai aucun grief à formuler à l’égard de notre maire Anne Hidalgo qui, jour après jour, s’échine à rendre notre ville plus belle (regardez ses grandes places, par exemple, elles ne cessent de gagner en distinction et en charme), plus accueillante et plus sûre (les touristes chinois notamment en témoignent avec émotion), plus propre et plus saine (n’importe quel touriste le constate au premier coup d’œil).
Les cyclistes sont rois…
Non, à la vérité, c’est comme cycliste que j’estime avoir à me plaindre. Peu à peu en effet, la Mairie de Paris, très hostile aux voitures, grandes pollueuses en effet, a manifesté son intérêt, voire sa passion pour les vélos. Il semble qu’elle rêve d’un Paris enfin débarrassé de tout autre véhicule que la bicyclette – à part peut-être les poussettes pour bébés. Toutes les difficultés faites à la circulation des voitures en témoignent. Ai-je besoin de préciser que j’en suis enchanté ? Je constate cependant que, comme toujours, il y a loin de la coupe aux lèvres. A quoi, en effet, aboutit-t-on dans la réalité ? A une situation ambiguë, entièrement insatisfaisante, et fort pénible.
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Je m’explique. Tout Parisien a pu se rendre compte que, depuis quelque temps, les cyclistes empruntent les sens interdits, traversent les rues sur les passages piétons, brûlent tranquillement les feux rouges, circulent sur les trottoirs, hors des bandes à eux réservées, au milieu des piétons, des poussettes, des vieillards, des enfants – et d’ailleurs depuis peu actionnent nerveusement leur sonnerie pour les faire dégager de leur chemin, sur ces mêmes trottoirs. Certes, tout cela se fait au détriment des piétons, au point que les vieilles notions de « piéton de Paris », ou de paisible promenade familiale sont heureusement devenues obsolètes ; chacun cependant a pu constater qu’aucune plainte, de nulle part, ne s’est exprimée à ce sujet, ce qui démontre sa totale insignifiance, – comme, a fortiori, le fait qu’aucune répression n’a suivi. Et ce qui fait que, tout naturellement, nos frères les motards commencent à suivre notre exemple.
…informez-en les piétons !
Or, je le dis avec tristesse et déception, mais aussi colère à l’égard de notre si impérieuse maire : rien, strictement rien de toute cette évolution effective n’a été suivi d’effets ! Alors qu’on attendrait qu’elle prenne acte de la situation nouvelle, et l’officialise, elle ne bouge pas ! Là où Hugo demandait avec force qu’on « remette les lois au pas des mœurs », parce que de leur antagonisme naissent les catastrophes, à Paris rien, strictement rien n’est fait ! Comment se fait-il que dans la capitale on laisse encore les piétons encombrer la circulation des deux-roues ? Les risques d’accidents en deviennent considérables : consultez sur ce point les statistiques récentes. Il existe pourtant des solutions ! Pistes fixes pour piétons, horaires à eux réservés, passages alternés, zones piétonnes accordées sur dérogation spéciale, circulation piétonne astreinte à des horaires aménagés ou décalés, etc. Notre population n’est certes pas prête encore à l’interdiction totale du piéton ; mais enfin, ce qui a été réalisé jusqu’ici, s’il va certes dans ce sens, fait petit-bras ! Tout cela devra bien sûr être accompagné de la gamme complète des sanctions possibles, et pour le coup effectivement infligées et effectuées.
Le vélo est le meilleur de l’homme civilisé
En vérité, la logique, comme le sens de l’Histoire, doivent conduire à la disparition de la notion de vélo, sinon même de deux-roues, du Code de la route. Le cyclisme urbain est une activité citoyenne libre et moderne : donc dégagée par définition de toute contrainte. Elle n’a rien à voir avec le Code de la route – la réalité le démontre chaque jour.
Nous nous approchons dangereusement à Paris d’une situation devenue assez installée et assez grave pour être sans retour, et ce bien plus vite que la maire ne semble s’en rendre compte. Qu’attendez-vous, Madame la maire, pour intervenir ?
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