Accueil Édition Abonné Avril 2024 Debout, les Danaé de la terre !

Debout, les Danaé de la terre !

Ce qui dérange le néoféminisme n’est pas la nudité, mais la sensualité dont elle est la promesse souvent heureuse, l’impénétrable complicité entre les sexes, la beauté des jeux d’amour et de hasard, les caresses partagées...


Debout, les Danaé de la terre !
Fillette au panier, Berthe Morisot, 1891. © Musée de Pont-Aven, 2024

La tendance se retrouve sur toute la planète woke. Tout musée digne de ce nom se doit d’exposer des femmes. Peintres, créatrices, performeuses ou femmes tout court sont ainsi exhibées au nom de leur « libération ». Cette agitation militante ne doit pas nous détourner de la beauté des œuvres.


C’est devenu la tarte à la crème des musées, le troisième volet du sacro-saint triptyque politico-culturel à la mode, avec la colonisation et l’environnement : les femmes. De New York à Lille, de Madrid à Pont-Avenen passant par Buenos Aires, les femmes s’exposent. Entendons-nous : pas les déesses, vénustés, héroïnes, saintes, cocottes, mères, ouvrières, paysannes ou femmes du monde qui peuplent la peinture ancienne et moderne des collections permanentes en un kaléidoscope de représentations familiales, sociales et affectives tout aussi irréconciliables que délicieusement complémentaires. Non, les femmes s’exposent en tant que femmes peintres, créatrices, performeuses ou femmes tout court, enfin libérées (apprend-on, et apprennent-elles post mortem pour un grand nombre d’entre elles) du regard que des générations d’artistes mâles ont porté sur elles, de ce poids du désir devenu apparemment insupportable à l’heure de la grande indistinction des sexes et de l’hyperfluidité du genre.

Les professionnels du tourisme gagneraient à organiser des circuits d’expositions féministes au lieu de continuer à nous vendre des mers trop chaudes et des canons à neige. « Où sont les femmes ? », s’est récemment demandé le Palais des Beaux-Arts de Lille en exposant la centaine d’œuvres de son fonds attribuées à des créatrices. Ici ! répond le musée de Pont-Aven, heureux d’avoir ouvert le bal de la rétrospective impressionniste avec le portrait de la peintre belge Anna Boch (1848-1936) succinctement qualifiée pour l’occasion d’« artiste, mélomane, collectionneuse, mécène, voyageuse, passionnée d’architecture, à la personnalité dynamique et avide de découvertes ». Là ! réplique le musée Thyssen-Bornemisza (Madrid) qui vient de réunir avec l’exposition « Maestras » quelques grands noms de la peinture au féminin, d’Artemisia Gentileschi à Frida Kahlo, pour nous parler–ô surprise – de patriarcat, d’émancipation, de sororité et de regard alternatif, avant de proposer au public, en juin prochain, une réflexion autour de la « mémoire coloniale » dans sa collection permanente. Non, les femmes sont au Met (Metropolitan Museum of Art) ! rétorque le grand musée new-yorkais, soulagé d’avoir pu se racheter aux yeux des « Guerrilla Girls » – ces activistes féministes qui l’accusent de sexisme depuis 1989 – avec une exposition de mode intitulée « Women Dressing Women » (« Les femmes habillées par les femmes »).

Oui, les femmes sont au Met. Mais


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Avril2024 – Causeur #122

Article extrait du Magazine Causeur




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