Auteur de best-sellers sur Napoléon et Churchill[1], grand admirateur de l’Empereur, Andrew Roberts analyse l’attitude contradictoire, mais jamais indifférente, des Britanniques à l’égard de Napoléon. Et révèle combien le Premier ministre qui résista au nazisme s’est, tout au long de sa vie, inspiré de Napoléon. Propos recueillis par David Oldroyd-Bolt et traduits par Jeremy Stubbs.
En tant qu’historien britannique, pensez-vous que Napoléon mérite qu’on fête son bicentenaire ?
Tout à fait ! Il a mis fin à l’instabilité provoquée par la Révolution, tout en préservant le meilleur de ses acquis, comme l’égalité devant la loi, la méritocratie ou la tolérance religieuse. À ses propres yeux, il incarnait le despotisme éclairé du siècle des Lumières et c’est à cette aune que nous devrions le comprendre. Selon moi, Napoléon c’est the Enlightenment on horseback, « les Lumières à cheval ». Quand on considère toutes les institutions qu’il a créées et qui existent encore aujourd’hui, on a du mal à penser à un homme d’État britannique – ou à n’importe quel homme d’État – dont les réalisations se soient révélées aussi durables.
En France, on a tendance à penser que les Britanniques ont toujours eu peur de Napoléon et le détestent encore aujourd’hui. Est-ce justifié ?
En partie, mais sa réputation outre-Manche a varié selon les époques et les milieux. Au sommet de sa gloire, vous auriez trouvé autant de partisans intellectuels de Napoléon à Londres qu’à Paris. Des poètes comme Byron et Shelley l’adoraient. Sa défaite a attristé et indigné un grand nombre de penseurs et d’hommes politiques britanniques. Les radicaux du Parti whig, qui se réunissaient chez Brooks’s, leur club de Saint James, étaient effondrés quand ils ont appris la nouvelle de la débâcle de Waterloo.
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