Un court roman de la maturité
C’est l’histoire d’un premier amour qui durera toujours. Une rencontre entre Taïa, une adolescente contrebandière malgré elle et un jeune Russe de bonne famille nommé Valdas, au milieu des falaises de Crimée. Un effleurement, un baiser à la tempe, une cape de laine suffisent à engendrer un amour que l’Histoire rendra tragique. Cet amour unique, né pendant l’ancien calendrier julien de la Russie impériale, et vécu durant le grégorien imposé par « les constructeurs de l’avenir radieux », résistera au temps qui se moque des idéologies meurtrières.
Le calendrier du mensonge
Andreï Makine, romancier russe écrivant dans la langue de Victor Hugo, vit en France depuis plus de trente-cinq ans. Il est l’auteur de nombreux livres, dont Le Testament français, Prix Goncourt 1995. Il a été élu à l’Académie française en 1996. Il signe un nouveau roman âpre, concis et mélancolique, L’ancien calendrier d’un amour, dans lequel il raconte l’histoire de Valdas Bataeff, un vieil homme rencontré en 1991 dans le cimetière de Nice en surplomb de la Méditerranée. Valdas lui révèle : « La femme que j’aimais ne demanderait rien d’autre – ce vent ensoleillé et la ligne de mer entre les cyprès. Désormais, cela nous suffit pour être vivants… » Le roman traverse à grandes enjambées le terrible XXe siècle. Le fil rouge est le destin de ce Russe blanc, désigné ainsi après la révolution russe de 1917, officier blessé à la guerre, hanté par la brève rencontre avec Taïa qu’il retrouve par hasard et qu’il peut enfin aimer. Mais la mort les sépare et aucune autre femme ne parviendra à effacer le souvenir de la jeune contrebandière. On suit Valdas tour à tour chauffeur de taxi à Paris, architecte – ce métier le sauvera –, vélo-taxi dans la France de Vichy. Le tourbillon de sa vie mêlé à la convulsion des événements historiques ne parviendront jamais à faire oublier à Valdas « ces quelques jours lumineux de l’automne 1920. Dans le ‘’champ des derniers épis’’. »
La leçon de ce court roman de la maturité : se tenir à l’écart « du nouveau calendrier, de ses mensonges et de sa brutalité ».
Andreï Makine, L’ancien calendrier d’un amour, Grasset.
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