La presse révèle que derrière le tag « l’amour court les rues » se cacheraient de sombres histoires…
Impossible de se balader dans les rues de Paris sans traverser un passage piéton tagué par « l’amour court les rues ». Cette phrase, aussi creuse que niaise, médiatisée en slogan néolibertaire et pacifique à la suite des attentats de Charlie Hebdo, résonne aujourd’hui différemment. Son auteur, un photographe et artiste de rue parisien, a encore frappé. Mais ce n’est plus d’un graff dont il s’agit. Par voie de presse, l’individu est accusé d’agression sexuelle, de harcèlement et de viol.
Le cupidon des rues
Le 22 juin, le site Néon.fr publie une enquête qui dévoile la face cachée du célèbre tag, en révélant que celui qui était surnommé le « cupidon des rues » serait en réalité… un violeur qui courait les rues. De nombreux témoignages de jeunes femmes (seize au total), toutes apprenties mannequins en quête de notoriété, expliquent à ce journal que l’artiste de rue ne dégainerait pas uniquement ses marqueurs…. Elles disent qu’il passait de son statut de tagueur à celui de violeur aussi rapidement qu’il inscrit son sempiternel graff sur nos trottoirs, nos murs et les encombrants de la rive droite de la capitale. Les faits remontent à 2009 et seraient survenus en plein cœur du Paris d’Amélie Poulain et des touristes : Montmartre.
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À lire les récits traumatiques des jeunes victimes, le photographe, qui s’est également fait connaître à la fin des années 80 en réalisant la pochette de l’album Autentik de NTM, procédait toujours de la même façon : il repérait ses jeunes et naïves proies dans les rues qu’il inonde de ses gribouillages infantiles, ou en s’aidant d’Instagram, le réseau social créé pour starifier n’importe qui. Une fois abordées, il aurait joué de son statut pour proposer aux victimes de faire un shooting de mode chez lui. Aveuglées par leur désir narcissique, les victimes auraient vu la séance photo se transformer en scènes d’abus sexuel.
Un art de sauvages
En 2016, le street artiste se produisait à Deauville pour honorer de son graffiti les planches de la station balnéaire la plus huppée de la côte normande. À l’époque, on expliquait que son art urbain n’avait pas de limite et que « n’importe quoi pouvait prendre un coup d’amour indélébile ». L’écriture du tag ineffaçable ne symbolise-t-elle pas aussi la trace du crime qui marquera à tout jamais la vie de ces jeunes femmes ? À l’aune des faits révélés, tout ceci paraît tragique. Cette sordide affaire rappelle aussi la nature sauvage et rebelle de cet art, qui a toujours entretenu un rapport à l’illégalité à travers ses actes de vandalisme de rue.
Le monde du street art vient de connaître son affaire Weinstein.
Étonnamment, pas un seul #balancetonporc n’a enflammé Twitter avec le nom du prédateur présumé jeté en pâture. Pas une seule tribune enflammée de Caroline de Haas n’est venue dénoncer dans la presse de gauche l’emprise de la violence machiste sur le monde de l’art urbain. Pas un seul appel du collectif Nous Toutes n’a demandé de décaper au karcher tous les trottoirs souillés par le tag « l’amour court les rues » ! Le street art est-il devenu un art officiel?
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