Quand les néo-féministes font l’impasse sur le passif de leur idole…
Dans l’espoir – vain sans doute – de ne pas mourir idiot, je me suis plongé dans la lecture de l’ouvrage Le Féminisme pour les Nul.les (écriture inclusive de rigueur, bien entendu). Je dois dire qu’on trouve dans ces pages maintes choses pleines d’intérêt. Cela est indéniable. Mais il y a aussi ce qui ne s’y trouve pas.
Comme on peut s’y attendre, les auteurs.rice.s (eh oui, rebelote !) consacrent un assez long développement à la cultissime Simone de Beauvoir et à son maître livre, Le deuxième sexe. On ne pouvait faire moins (je recours à l’indéfini « on » pour vous épargner le ridicule des inclusifs en vogue). Mais – ô surprise ! – pas un mot sur la « collaboration » (le mot m’a échappé) de l’auteur à Radio Vichy, la radio de Pétain, qu’elle rejoint pourtant en 1943. Elle y produit et anime des programmes culturels ou de divertissement. Certes ce ne sont pas des émissions politiques ou de propagande à proprement parler, mais celui qui enrobe de miel la pilule de poison est-il moins coupable que l’empoisonneur lui-même?
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1943, disions-nous. Il n’est plus possible alors de feindre ignorer la vraie nature du régime. Pour n’en donner qu’un aperçu, rappelons qu’en septembre de cette même année, Pierre Laval, le chef du gouvernement, demande instamment et très officiellement – document signé à l’appui- l’aide de l’Allemagne en vue d’instaurer enfin en France un régime nazi pur et dur ! 1943, c’est aussi l’année où d’autres, au flair davantage sensible à l’odeur de roussi, s’empressent de mettre entre le Maréchal et eux la plus grande distance possible. Un François Mitterrand, un Maurice Couve de Murville, par exemple (tous deux décorés de la Francisque). Quant à Simone de Beauvoir, elle devra attendre la Libération pour se refaire une virginité idéologique. Pour ces égarés de bon rang, adhérer au Parti Communiste est alors le chemin le plus sûr et le plus rapide vers l’absolution plénière. Le PC, fait office de savonnette à vilains, dirions-nous. Beauvoir et Sartre se précipitent et on ne parlera plus de rien, sauf à très bas bruit, et encore…
Certes, a-t-on probablement le droit de considérer qu’être passé par la case Vichy à un certain moment de sa vie dans une période aussi trouble n’est qu’une déplorable erreur, un péché somme toute véniel, mais a-t-on le droit, pour autant, quand on se veut féministe, d’oublier que, partout en France, à la Libération et dans les mois qui ont suivi, des femmes ont été tondues, des femmes ont été pendues pour beaucoup moins que cela ?