Non je ne me tairai plus est un témoignage saisissant. Retour sur les faits à l’origine de ce livre. Des paroles et des actes, 21 janvier 2016. Sous-titre : Les deux France. Pujadas convie Daniel Cohn-Bendit et Alain Finkielkraut à débattre autour des drames de l’année 2015. À la 42e minute, l’animateur donne la parole à une troisième France : Wiam Berhouma, jeune femme de 26 ans, professeur d’anglais dans un collège et de « confession musulmane ». Selon Pujadas, elle veut s’adresser à Finkielkraut. L’animateur insiste sur le fait que Wiam Berhouma ne serait « encartée dans aucun parti ».
Raciste, la société française?
Devant son écran, Amine El Khatmi n’en croit pas ses oreilles. Wiam Berhouma déroule calmement sa haine de la République et parle d’islamophobie en tant que « racisme d’État ». La cible ? Finkielkraut et ceux qui, selon elle, favoriseraient une libération de « la parole raciste », laquelle serait « largement partagée par une grande partie de la société française ». El Khatmi bout : la société française en « grande partie » raciste ? L’élu socialiste est épouvanté par le discours de haine de Wiam Berhouma, invitée par un Pujadas ne pouvant ignorer ses sympathies affichées pour le Parti des Indigènes de la République, le PIR — acronyme réaliste.
Des paroles et des actes – 21/06/2016 – Wiam… par rinmedia
Lynchage 2.0 du « collabeur »…
Bien décidé à répondre à Wiam Berhouma, Amine El Khatmi donne illico de sa personne sur les réseaux sociaux. Sur Twitter et Facebook, l’élu socialiste, musulman, originaire du Maroc, issu des quartiers populaires d’Avignon, exprime son opposition frontale à ce discours antirépublicain. Aussitôt, la haine se déchaîne. Contre lui. Une haine d’autant plus violente que justement il est socialiste, musulman, fils d’immigrés marocains et de milieu populaire. El Khatmi découvre l’égarement intolérant et totalitaire d’un certain « antiracisme ». Les mêmes discours racistes mais inversés. Le même antisémitisme parfois. Et la haine de la République, de la France, du « petit blanc ». Il devient une cible : « arabe de service », « collabeur », « esclave » de « maîtres » blancs ou français forcément islamophobes. L’adresse de sa mère est diffusée.
Malaise au Parti socialiste
Face à ce lynchage en règle, l’élu socialiste compte sur le soutien des plus haute sphères de son parti, à commencer par Cambadélis. Silence radio. Amine El Khatmi a pourtant un vrai parcours au sein du parti socialiste. Il en est toujours membre, élu. Il a contribué de près à la campagne de Ségolène Royal, défend encore certaines de ses idées dans la 2e partie de Non je ne me tairai plus, en même temps que des propositions personnelles ou des idées du « Printemps Républicain » dont il est un des co-fondateurs. Il parle aussi du financement des mosquées et de la question du voile. Pourtant, les patrons du PS se font discrets. Un tweet de soutien lâché du bout du clic. L’élu d’Avignon n’est pas seulement confronté à un communautarisme anti-universaliste. Il subit aussi les atermoiements de son parti : ces mouvances sont des alliés objectifs dans la quête terranovienne d’un nouvel électorat de gauche. Tout sauf désespérer les prétendus Indigènes de la république qui, selon Amine El Khatmi, « réduisent le monde à des oppositions binaires » n’ayant « rien à envier aux identitaires d’extrême droite qui leur font face et qui rêvent d’une France entièrement blanche et chrétienne »
L’élu PS Amine El Khatmi, « collabeur » de la République, insulté et peu défendu par son propre parti @MarionVanR https://t.co/qncRDVYgnO
— Raphaelle Bacqué (@RaphaelleBacque) 7 février 2016
Que reste-t-il du bien commun ?
La haine de la République française se diffuse ainsi en mettant à profit l’accusation d’islamophobie, nouveau point Godwin de ce que l’on peine à qualifier de débat d’idées. Une haine que l’on croise au hasard des médias et des reportages. Ainsi le dimanche 19 mars 2017 sur France Inter, dans le journal de 19 heures, quand à l’occasion d’un reportage sur La Marche de « Mémoires et Partages » l’un des organisateurs peut déclarer sans contradiction qu’il faut « en finir » avec l’idée fausse d’une « France judéo-chrétienne blanche qui n’a jamais existée ». L’affirmation n’est pas questionnée. Le journaliste vient d’impulser l’entretien par cette phrase : « Il faut dire à ceux qui le nieraient aujourd’hui que la France est bien multiculturelle ». Peu importe qu’ils aient ou non raison quant à leur vision du monde. Par contre, il est significatif que cette conception, à l’instar de celles qui se déchaînent sur quiconque ose un discours critique à propos de l’Islam, soit dogmatique. Pire encore que les donneurs de leçons, sont ceux qui prétendent détenir « la » vérité. La leur, évidemment. Ces « vérités » là sont toujours totalisantes et contraires au bien commun.
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