En août 2020, Amazon proposait à la vente des poupées sexuelles à l’effigie d’enfants…
En 2020, des poupées en vente sur Internet avaient provoqué la mobilisation d’associations de lutte contre la pédocriminalité. Adrien Taquet, Secrétaire d’État chargé de la protection de l’enfance, était monté au créneau. Amazon avait rapidement retiré les « articles », en promettant une plus grande vigilance à l’avenir.
Mais en France, l’affaire ne s’est pas arrêtée là. En effet, une fédération d’associations, la Voix de l’enfant, a porté plainte contre le géant de la vente en ligne et une enquête a permis de retrouver un acheteur qui doit répondre de son acte devant la justice ; il s’agit d’un Français de 34 ans résidant en Seine-Maritime.
Le vendeur immatriculé en Chine
Le lundi 16 mai, il comparaissait au tribunal de Dieppe où son avocat a plaidé l’isolement physique et sentimental lors du confinement. Six mois de prison et une obligation de soins ont été requis contre lui, mais la présidente du tribunal a refusé d’homologuer cette peine, considérant celle-ci trop légère par rapport à la gravité des faits. Le jugement a été reporté et la prochaine audience sera publique. Cependant, le parquet a décidé de ne pas poursuivre Amazon, en raison de l’absence d’élément intentionnel de commettre une infraction.
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Si l’avocat de l’association s’est dit soulagé par la décision de la présidente, en revanche il regrette que l’affaire soit classée sans suite pour Amazon. Néanmoins, une procédure est en cours pour remonter jusqu’au vendeur des poupées, immatriculé en Chine, qui proposait donc sa marchandise par le truchement d’Amazon via sa marketplace.
De quelle manière devons-nous considérer ces poupées?
De simples poupées ? Non, car elles étaient référencées dans la rubrique des sex-toys du site marchand.
Cette affaire nous amène à réfléchir à la fois sur la sexualisation des enfants à notre époque et aux limites que la société impose non seulement aux actes des citoyens mais aussi à leurs désirs. À travers ces poupées en silicone, qui étaient vendues entre 100 et 1000 euros, les corps des enfants sont bel et bien transformés en objets sexuels. Car il est clair que, dans cette affaire, la justice considère que ces poupées ne sont pas des objets permettant à certains d’assouvir leurs fantasmes sans nuire à une personne en chair et en os, mais que leur usage constitue les prémices d’un passage à l’acte.