Je suis un type sans cœur ; depuis quelques semaines les nécrologies tombent comme à Gravelotte : c’est la fin de l’hiver il est temps de rejoindre l’au-delà. Curieusement, ni la mort de Hessel, ni celle de Savary, ni même celle toute fraîche de Chavez ne m’ont arraché une larme , quand je vous dis que je suis un type sans cœur ! Je ne vais pas disserter des plombes durant sur le pourquoi du qu’est-ce : chacun ici même y est allé de son commentaire plus ou moins élogieux du défunt idoine. Stéphane Hessel, passons, trop d’humanisme tue l’Humanisme, et trop d’unanimisme aussi. Alain Savary, à vrai dire ça n’est pas trop ma tasse de thé – ah on me souffle dans l’oreille que c’est Jérôme le théâtreux, pas Alain le ministre oublié, au temps pour moi : je ne vais jamais au théâtre. Quant à Chavez Hugo, je ne vais quand même pas rajouter de quoi attrister ceux qui croient encore à la possibilité du socialisme réel, ni abonder dans le sens des autres, quelques fragments de solidarité égarés dans la jungle et l’Art me suffisent amplement : je n’irai de toute façon pas en vacances au Venezuela, je me contenterai de la douceur angevine. Ceci étant, Heu merci, mon cœur a battu ce matin en ouvrant mon ordinateur (les journaux n’arrivent pas encore dans mes confins) : Alvin Lee s’en est allé lui aussi ! « I’m going home » remember Ten Years After camarades, ben voilà…J’ai toujours eu un faible pour les guitar heroes, Jeff Beck, Jimmy Page, Jimmy Hendrix, Johnny Winter, Ted Nugent, et j’en passe, même si mon cœur (encore lui) balance plutôt vers le jazz et Wes Montgomery, the boss. Alvin Lee est parti, pas trop vieux, encore plein de doigts dans les mains, sa virtuosité vaine et un peu ringarde mais qui fait du bien et sa voix éraillée, « des complications dues à une hospitalisation » disent les média, des choses qui arrivent et le lascar n’a pas du s’économiser sa vie durant : RIP Alvin.
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