Quoi de commun entre Alstom, STX et Nokia France ? Les trois sociétés qui symbolisent aujourd’hui la désindustrialisation en marche sont toutes les trois d’anciennes filiales de la Compagnie générale d’électricité autrefois dirigée par Ambroise Roux et qui figurait parmi les dix premières entreprises mondiales.
Inventaire avant liquidations
Mais ça c’était autrefois. Au temps où la France avait encore une ambition industrielle. STX s’appelait alors Chantiers de l’Atlantique et en fabriquant le France ou le porte-avions Charles de Gaulle, ils constituaient un savoir-faire irremplaçable qui fait aujourd’hui la renommée des chantiers tant convoités par Fincantieri. On dit qu’Emmanuel Macron a finalement trouvé une solution pour les laisser passer sous contrôle italien tout en gardant un contrôle putatif… A suivre.
Nokia France, s’appelait alors Alcatel et était le premier équipementier télécom du monde. Mais Serge Tchuruk est passé par là avec son rêve d’entreprise sans usine. Alcatel s’est dissous dans une alliance avec Lucent avant de se vendre à Nokia. Tchuruk peut triompher de sa retraite bien méritée… Il n’y a plus d’usines, ni même d’entreprise non plus. Le triomphe par le vide.
La France c’est l’Europe…
Quant à Alsthom qui comportait encore un H dans son nom, elle a dû céder ses turbines à gaz en 1998 à General Electric (GE). Puis en 2015, l’ensemble de son activité turbines hydro-électriques, turbines à vapeur (dont le nucléaire) et même turbines à gaz (puisqu’entre temps, l’entreprise avait remonté une activité concurrente de son ancienne activité cédée à GE !) et éoliennes de nouveau à General Electric… Patrick Kron avait fait de cette cession l’acmé de sa carrière et il en était très fier. Elle allait, selon lui, permettre à Alstom d’engranger du cash pour se développer dans le ferroviaire et passer des partenariats en position de force. On sait ce qu’il en est advenu : Alstom ferroviaire est passé hier sous le contrôle de Siemens qui n’a même pas eu à sortir un euro pour s’emparer de 50 % du capital d’Alstom, de ses milliers de brevets, de son savoir-faire. Mais Emmanuel Macron a négocié le fait que le siège reste en France pour 4 ans encore… Sans doute ne sera-t-il plus président quand le siège déménagera à Munich. L’honneur est sauf…
Ces 3 liquidations d’entreprise, car il faut bien appeler ainsi la disparition de fleurons industriels mondiaux de notre patrimoine national ne sont pas les premières. Ce sont même peut-être les dernières car il n’y aura bientôt plus grand chose à liquider. Après Péchiney, n°1 mondial de l’aluminium disparu dans les brumes d’Alcan et de Rio Tinto, après Arcelor dissous dans l’empire Mittal, après Lafarge, n°1 mondial du ciment parti en Suisse se faire diriger par un allemand, après Rhodia cédé au belge Solvay, que reste-t-il à liquider ? Sans doute l’industrie pharmaceutique française, ou encore Dassault et Thales… On croit savoir que le gouvernement y travaille en imaginant un projet européen pour la Défense. Chouette, on attend avec impatience les annonces dans ce domaine. Mais on peut se rassurer d’avance, il paraît que le siège de Dassault restera à Saint-Cloud… pour 4 ans.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !