Après deux films cafardeux, « Julieta » et « Douleur et Gloire », le rayonnant Pedro Almodóvar brille à nouveau de tout son éclat dans « Madres paralelas ». On y retrouve le cocktail savoureux de ses meilleurs films, et la confirmation que son œuvre traduit une angoisse de la continuité, aussi bien familiale que de l’espèce humaine.
Après la triste histoire d’un vieil artiste abandonné par l’amour et par sa créativité (Douleur et Gloire), l’optimisme et la joie de vivre réapparaissent grâce à Pénélope Cruz et à Madrid. L’actrice, dans la plénitude de sa beauté, incarne une femme débordante de courage et de générosité qui va jusqu’à rendre à une autre l’enfant qu’elle croyait le sien.
Une énigme politique
Madrid est le personnage récurrent des films d’Almodovar. Il sait en capter le charme, la lumière, la convivialité des bistrots sur les placettes, les jardins suspendus et les fenêtres ouvertes sur le bruissement des platanes et des oiseaux. Un air fait de légèreté et de désinvolture. Le réalisateur dit d’ailleurs que son œuvre et Madrid sont les deux faces d’une même pièce. C’est tellement vrai qu’on ne peut l’imaginer tournant à Rome ou à New York. Woody Allen est un metteur en scène anywhere qui s’empare de Barcelone ou de Paris avec aisance, Almodovar est un somewhere madrilène heureux, entre la Puerta del Sol
