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Nouvelles d’Allemagne : on se calme et on boit frais au bord de la Spree


Nouvelles d’Allemagne : on se calme et on boit frais au bord de la Spree

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Le tumulte déclenché en France par le « Merkel bashing » déclenché dans une partie du PS n’a pas provoqué outre-Rhin les réactions exaltées auxquelles on aurait pu s’attendre. Lundi matin 29 avril, les principaux journaux allemands n’en faisaient qu’une mention succincte, préférant commenter la fin de la crise gouvernementale en Italie, et le programme électoral des « Grünen » proposant des augmentations d’impôts pour les riches et les classes moyennes. Quelques éditorialistes, cependant, s’inquiètent, plus sur la forme que sur le fond d’ailleurs, de l’image de père fouettard (ou plutôt de mère Tapedur) que la chancelière donne de son pays dans l’Europe qui souffre des plans d’austérité, imposés ou non par la troïka BCE, FMI, UE. Mais pour l’essentiel, cette agitation hexagonale « en touche une sans faire bouger l’autre » à  ceux de nos amis allemands qui n’ont pas oublié le temps où Jacques Chirac, le père de cette élégante formule, partageaient la tête de veau avec Helmut Kohl « Chez Yvonne » à Strasbourg.
Chez Merkel, on prend plutôt du bon côté cette posture agressive de la gauche socialiste envers la chancelière : celle-ci embarrasse plus le SPD que la droite dans le débat électoral pour les élections au Bundestag du 22 septembre prochain. Cela contraint les sociaux-démocrates à des contorsions rhétoriques pour donner l’impression de ne pas désavouer leurs camarades français sans se couper d’un électorat allemand qui ne veut plus financer les dettes des pays du « club med ». Ainsi, le président du groupe SPD au Bundestag critique, certes, la chancelière, mais c’est pour lui reprocher de profiter des réformes de Gerhard Schröder, alors que la droite n’avait pas osé les engager lorsqu’elle était au pouvoir dans les années 90. Pour le reste, il invite François Hollande à s’en inspirer et, comme cela, tout ira bien dans le meilleur des mondes franco-allemands possibles. En clair, il renvoie dans les cordes les Bartolone, Cambadélis et autres paléo-socialistes, qui espéraient engager dans leur croisade anti-Merkel les camarades allemands.
Steinmaier, qui fut ministre des affaires étrangères dans le premier cabinet Merkel, espère bien faire son retour au gouvernement à l’issue des élections de septembre. Il sait bien que, sauf retournement improbable de l’opinion, cela ne peut survenir que dans le cadre d’une grande coalition entre la CDU et le SPD, crédités, aux derniers sondages , de 40% des voix pour la première, et 27% pour le second. Le SPD serait alors le junior partner de la future coalition, avec une influence limitée sur la politique gouvernementale. La seule autre coalition possible, dans cette configuration, serait une alliance de la CDU et des Verts (14%), que ces derniers ont explicitement rejetée lors de leur congrès le week-end dernier. Il ne s’est pas trouvé une seule voix, dans le camp social-démocrate, pour soutenir sans conditions les partisans français d’une « confrontation démocratique » avec Angela Merkel. Ils préfèrent attaquer la chancelière sur son flirt poussé avec David Cameron, ostensiblement invité en famille au château de Meseberg, la résidence d’hôtes brandebourgeoise du gouvernement fédéral, un séjour auquel le couple présidentiel français n’a pas encore été convié…
François Hollande aurait tort, de surcroît, de penser que la rhétorique martiale de quelques hiérarques du PS pourrait lui servir dans le cadre de son « amicale tension » avec Berlin dans le style : « Écoute, Angela, si tu ne fais pas un effort, je ne pourrai plus les tenir… ». Il va donc être contraint à choisir une ligne contre une autre, ce qui lui est profondément désagréable, car il ne doit pas compter sur la moindre déviation de la chancelière de sa trajectoire. Quand une protestante est sûre de son bon droit, elle ne craint ni le pape, ni le diable.

*Photo : Kancelaria Premiera.



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