Outre-Rhin, l’élu local de gauche Manoj Subramaniam prétendait être la cible d’extrémistes de droite. La justice vient de condamner cet affabulateur qui avait dessiné des croix gammées sur sa voiture ou le signe « SS » à l’entrée de son domicile, avant d’aller se plaindre à la police.
Manoj Subramaniam a 33 ans. Il est membre du conseil municipal d’Erkelenz, une commune d’Allemagne de l’Ouest.
Un Machiavel écologiste
Qu’a-t-il de spécial ? Il a tout simplement inventé des menaces contre lui-même. Après des enquêtes concluantes menées par le parquet, l’ancien politicien du parti des Verts a écopé d’une amende de 3 600 euros en mars 2023. Mais l’affaire mérite que nous rembobinions.
Le plan machiavélique commence en mai 2022. Tout d’abord, la vitre avant de sa voiture est brisée. Ensuite, une croix gammée peinte en rouge s’invite sur sa portière arrière. Ces agresseurs monteront d’un ton, en gravant une croix gammée, ainsi que des symboles SS sur sa porte d’entrée. Manoj Subramaniam en est certain : l’extrême droite est à ses trousses.
Dans cette commune proche d’Aix-la-Chapelle, chacun y va alors de son commentaire effaré, relayé par le quotidien régional allemand Rheinische Post. « Déprimant et honteux », annoncent les Verts ; « Notre respect va à Manoj, qui ne se laissera pas vaincre », souligne la porte-parole du parti ; « Il n’y a pas de place pour l’extrémisme […] à Erkelenz », tance le maire Stephan Muckel.
Une affaire qui a occupé l’Allemagne tout l’été 2022
Les assaillants vont eux-mêmes lever toutes suspicions, en envoyant des menaces de mort, signées « NSU 2.0 », un groupe terroriste d’ultra-droite allemande. La conclusion est donc toute trouvée ? Pas si élémentaire, mon cher Watson… Bien que ce groupuscule soit largement condamnable, il n’est en aucun cas lié à cette affaire. Et cela, la police ne tardera pas à le comprendre.
Dès juillet 2022, une enquête est ouverte et le soupçon confirmé. Manoj Subramaniam a monté l’affaire de toutes pièces. Il démissionne de son parti le premier week-end de septembre. Mais qu’il se console, la machine à oublier tourne à plein régime. Quelques décennies après le piteux faux attentat de l’Observatoire, François Mitterrand était bien élu président.