Depuis quarante ans, nos alliés d’outre-Rhin enchaînent les erreurs stratégiques en matière énergétique, tantôt sous la pression des lobbys écologistes, tantôt par des calculs court-termistes et bassement politiques. Ils commencent d’ores et déjà à en payer le prix. Et nous avec eux.
« Les délibérations précipitées sont toujours nuisibles aux affaires importantes », disait Tite-Live au ier siècle de notre ère. S’agissant de la politique énergétique allemande, l’adjectif « irréfléchie » serait plus approprié. L’évolution de la politique fédérale en matière nucléaire et sa soumission aux écologistes et au lobby des renouvelables en sont une illustration frappante.
Les écrits de l’historien Joachim Radkau sont à cet égard très instructifs. Dans son ouvrage de 2013 intitulé Aufstieg und Fall der deutschen Atomwirtschaft[1] (« Ascension et chute de l’industrie nucléaire allemande »), l’auteur revient sur les mouvements ayant œuvré à l’affaiblissement du secteur. Il analyse la mutation de la phobie du nucléaire militaire en mouvement visant toute utilisation civile (mutation dans laquelle la Stasi aurait d’ailleurs joué un rôle à l’Est, afin de défendre les intérêts stratégiques de Moscou). Cette tendance, à l’œuvre dès les années 1970 avec notamment l’occupation du chantier de la centrale de Wyhl et d’autres actions similaires, se traduit politiquement par la création du parti des Verts en 1980 à Karlsruhe – parti qui, dès son origine, est étroitement lié aux lobbys antinucléaires.
