Alice Coffin / Christophe Girard: même à gauche, on se demande si ça ne va pas un peu trop loin…
« J’espère que les féministes ne vont pas rester bien polies, dans cette société, ça ne sert absolument à rien. » Cette phrase hilarante a dû être prononcée (ou écrite) par Christine Delphy, l’une des fondatrices du MLF, puisque Le Monde l’a choisie comme titre de l’entretien paru le 22 août. Si les féministes d’aujourd’hui sont « bien polies », c’est-à-dire bien gentilles, je préfère ne jamais faire l’expérience de leur impolitesse. De Caroline De Haas à Alice Coffin, dernière météorite apparue dans le paysage, on ne peut pas dire que la bonté de ces guerrières saute au visage. Si leur ennemi, le patriarcat, est devenu largement imaginaire, leurs coups sont réels. Quand elles plantent leurs crocs dans un mollet, c’est pour tuer. Elles y parviennent souvent. Ni le confinement ni l’été n’ont calmé leurs ardeurs.
Avec Alice Coffin, qui publie ces jours-ci Le Génie lesbien, chez Grasset, on bascule dans une nouvelle dimension. Son problème à elle, ce n’est pas seulement le patriarcat, ni même l’homme blanc qui doit être déchu de tous ses privilèges, c’est l’hétérosexualité. Cette vision du monde devrait la condamner à la marginalité
