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Algérie: en eaux troubles…

Sortie en jet-ski mortelle


Algérie: en eaux troubles…
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Décès de deux Franco-Marocains, tués par des gardes-côtes au large de l’Algérie: vers une affaire diplomatique?


Mardi 29 août, quatre hommes binationaux franco-marocains partis faire une balade en scooter des mers sur les rives de la mer Méditerranée s’égaraient au large de Saïdïa, station balnéaire marocaine frontalière de l’Algérie. Deux d’entre eux n’en reviendront pas. Pour l’heure, le Quai d’Orsay a confirmé l’un de ces deux décès, le deuxième jeune homme étant présumé mort et son corps disparu en mer. Un troisième homme, lui aussi binational, serait actuellement détenu par la police algérienne. Quant au dernier jeune homme, il a pu revenir à bon port et raconter les évènements.

De son nom Mohamed Qissi, il a répondu au média marocain Al-Omk : « Nous avons su que nous étions en Algérie, car un zodiac noir algérien est venu vers nous, il a commencé à zigzaguer comme s’il voulait nous renverser. Ils ont tiré sur nous. Dieu merci, je n’ai pas été touché, mais mon frère et mon ami, ils les ont tués. Ils ont arrêté mon autre ami. Ils ont bien vu qu’on était désarmés, mon petit frère a échangé avec eux et pourtant ils ont tiré ». L’homme affirme avoir réussi à s’enfuir. Son véhicule étant tombé en panne d’essence, il a dû le tracter à la nage avant d’être récupéré par la gendarmerie marocaine prévenue par les familles des disparus.

Cette histoire choquante n’en est probablement encore qu’à ses prolégomènes, les enquêtes policières de trois États différents s’entrechoquant dans un contexte diplomatique par ailleurs tendu ces derniers mois. Il s’agit d’un nouvel épisode déplorable et dramatique d’une forme de guerre froide à bas bruit entre le Maroc et l’Algérie. Le roi Mohamed VI a pourtant appelé de son côté à un apaisement et un « retour à la normale » malgré la rupture des relations diplomatiques lors de son discours de la fête du trône. Quant à la France, elle se retrouve aussi embarquée dans cette triste affaire, les victimes étant ses ressortissants.

Le ministère des Affaires étrangères ne s’est pas encore exprimé sur le fond de l’affaire, se contentant d’une sobre déclaration. «Le centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et nos ambassades au Maroc et en Algérie sont en contact étroit avec les familles de nos concitoyens, à qui nous apportons tout notre soutien», a ainsi affirmé le ministère dans un communiqué. Une position semblable à celle diffusée par l’Agence de presse marocaine qui a relayé l’ouverture d’une enquête par le Parquet d’Oujda qui entend « recueillir les informations nécessaires sur les circonstances dudit incident » ajoutant que « plusieurs personnes faisant partie des familles et entourages de ce groupe de jeunes (avaient) été auditionnées ». L’attitude des gouvernements français et marocains est prudente. C’est de bon aloi.

L’Algérie reste de son côté silencieuse, n’ayant communiqué aucune information. On se souvient pourtant que dans un tout autre contexte, celui des émeutes et l’affaire Nahel, le gouvernement algérien avait fait part de son « choc » et de sa « consternation », osant même rappeler à la France son « devoir de protection ». Pis, le ministère des Affaires étrangères algérien faisait carrément état sans attendre un commencement de preuve de  « circonstances particulièrement troublantes et préoccupantes » entourant l’intervention policière, jetant un peu plus d’huile sur le feu. Ils n’ont évidemment jamais appelé au calme leurs ressortissants qui s’illustraient durant les émeutes qui ont coûté plusieurs milliards d’euros aux Français et aux Françaises…

Il faudra être particulièrement vigilant quant aux suites de ce drame. Protéger ses frontières n’offre pas un permis de tuer. Que n’entendrait-on d’ailleurs pas si la France avait commis le dixième d’un tel acte… Les esprits s’échauffent d’ailleurs déjà sur les réseaux sociaux, témoignant d’une confrontation grandissante. Il va falloir calmer les esprits, ce ne sera pas chose facile.



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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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