Un mineur de 14 ans a été interpellé lundi 18 septembre dans un collège d’Alfortville (94). Il est soupçonné de harcèlement transphobe et de menaces de mort vis-à-vis d’une autre élève, âgée de 15 ans. Mais, certains pensent que les policiers, ces grosses brutes, n’auraient pas dû entrer dans le collège.
Voici une série pour les amateurs d’inconséquence, exclusivement… L’inénarrable représentante de EELV – et amie du rappeur Médine – n’a pas apprécié que des policiers entrent dans une école pour y arrêter un élève présentant un danger pour une collégienne. D’autres figures médiatiques y sont allés de leur couplet anti-flic et ont avancé l’hypothèse d’un trauma collectif. Quant au drapeau arc en ciel, on ne l’a guère vu flotter, alors que l’élève harcelée aurait dû particulièrement émouvoir les militants homosexuels.
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L’interpellation de l’élève harceleur par les policiers en plein milieu d’un cours dans un collège d’Alfortville a suscité une petite polémique déclenchant dans les rangs des professionnels de la révolte une salve de critiques et d’indignation surjouée mais terriblement mal placée.
Chuck Norris ne voit rien à redire : l’intervention était dans les règles
Au lendemain de l’arrestation, Marine Tondelier, chef de file de EELV, s’est ainsi offusquée sur le plateau des 4 Vérités, la matinale de Télématin, de l’action jugée disproportionnée des forces de l’ordre. Après des « années d’inaction, d’incompréhension sur le sujet, de déni parfois (…) tout d’un coup, on est dans Walker Texas Ranger » s’est-elle exclamée (on sent ici la punchline bien concoctée par l’équipe en charge des éléments de langage), fustigeant l’écart entre la lâcheté du « pas de vague » – encore bien implantée dans la hiérarchie de l’Education nationale comme en témoigne le suicide de Nicolas et la lettre du rectorat de Versailles – et le retour tonitruant de l’autorité régalienne.
Il est pour qui, le trauma ?
Autre réaction, celle d’une haute figure médiatique du progressisme multiculti, le rédacteur en chef de la revue de gauche Regards ; Pablo Pillaud-Vivien. Celui qui est aussi chroniqueur régulier dans l’émission « 22h max » sur BFMTV a, quant à lui, joué la carte de l’empathie en se mettant à la place des élèves qui ont assisté à l’arrestation de l’élève harceleur devant toute la classe. « Si ça crée un trauma dans toute la classe, je pense qu’il y a un souci ». C’est ben vrai !
Autrement dit, le « souci » n’est pas tant qu’une élève reçoive des menaces de mort et des insultes à caractère transphobe de la part d’un autre élève, mais que des policiers fassent leur travail de policier en charge de protéger et de réprimer. L’inversion des rôles est à sa comble. Si trauma il y a, il est en réalité plus à chercher du côté de la victime, de cette élève en transition de genre qui a subi des messages homophobes d’une rare violence verbale tels que « sale travelo », « on va tegourger [t’égorger] », « suicide toi sale pd », « j’ai une haine envers ta race », ou encore « tu mérites de mourir », « je vais te faire une Hitler ».
Et si, au contraire, cela calmait les esprits ?
Mais, quand bien même les élèves seraient choqués par cette intervention, certes inhabituelle mais légale, de la police au sein de leur établissement, ce n’est pas une si mauvaise chose. L’exemplarité ayant force de dissuasion, cette interpellation peut de nouveau susciter la peur de la sanction et contribuer à atténuer le sentiment d’impunité.
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On vit à une époque où le « name and shame » est dégainé à tout-va pour les entreprises accusées d’écocide ou pour des multinationales qui refusent de faire baisser les prix pour lutter contre l’inflation alimentaire ; en revanche, il ne serait pas convenable de faire honte aux élèves harceleurs devant toute leur classe… Continuer à prendre des pincettes alors que le degré de violence des mineurs est en perpétuel crescendo, cela relève d’un angélisme inconséquent !
Inconséquence, quand tu nous tiens…
Par ailleurs, il est tout de même surprenant que ces deux figures politico médiatiques ayant toujours à cœur de défendre les discriminations que subissent des minorités, passent plus de temps à critiquer l’action de la police qu’à se réjouir de l’arrestation du harceleur avant que ses menaces deviennent réelles et se soldent par un suicide de plus !
La communauté au drapeau arc-en-ciel et aux couleurs rose blanc bleu (c’est le drapeau des militants trans, mettez-vous un peu à la page en lisant les articles de Jeremy Stubbs), pourtant si exubérante lorsqu’il s’agit de défiler et de revendiquer de nouveaux droits, s’est également distinguée par son étonnant mutisme. L’élève trans harcelée n’a pas eu le droit à la mobilisation des militants LGBTQ+ pour condamner la transphobie du harceleur, contrairement à celle déployée pour Lucas harcelé à cause de son homosexualité. Son suicide avait alors suscité la stupeur et la condamnation de tous et en particulier celle des militants gays dont plusieurs associations avaient signé une tribune pour appeler Pap Ndiaye, notre (ex) ministre wokisé de l’Education Nationale, à lancer une conférence pour mieux lutter contre les LGBTphobies et le harcèlement scolaire.
Le retour du sanctuaire oublié
Aujourd’hui, la victime du harcèlement transphobe est donc passée au second plan. Elle fut occultée par l’interpellation de son bourreau, car aux yeux de la patronne des écologistes et du chroniqueur gauchiste, l’important était de condamner la police – et quoi de plus efficace pour critiquer l’action des forces de l’ordre, que de rappeler que l’école est « un sanctuaire ». Ah le sanctuaire !… Voilà un argument décisif, mais utilisé à géométrie variable. Brandi pour taper sur les flics, mais enterré pour défendre la laïcité. Car ceux qui martèlent que l’école doit être protégée du monde extérieur et que ses portes ne devraient pas s’ouvrir aux policiers sont les mêmes qui légitiment l’intrusion du port de tenues religieuses à l’école comme l’abaya ; tenue qui invisibilise le corps des femmes, bafoue la laïcité et éventre ce sanctuaire qu’est effectivement notre école républicaine.
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À gauche, la haine du flic est plus forte que tout. Lorsqu’il s’agit d’alimenter la haine antiflic qui a encore retenti dans les rues de Paris, samedi 23 septembre, lors de la manif contre les violences-policières-et-le-racisme-systémique, tout est permis chez les gauchistes, y compris de sacrifier leurs propres convictions. Cela étant, et au-delà de cette polémique inutile, reste à savoir quelle sanction sera prise à l’encontre de l’élève harceleur et si ce dernier se verra dans l’obligation de rester éloigné de sa victime ou non. Le gouvernement a présenté mercredi son plan choc contre le harcèlement scolaire. Au-delà des cours d’empathie promis par Gabriel Attal, le plan prévoit notamment que toutes les situations de harcèlement seront systématiquement recensées, et qu’en cas de harcèlement grave, les terroristes des préaux seront écartés de l’établissement scolaire. Pour les travaux pratiques, Alfortville semble nous offrir un fantastique cas d’école…
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