Astruc est mort


Astruc est mort
Alexandre Astruc. Sipa. Numéro de reportage : 00619518_000008.
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Alexandre Astruc. Sipa. Numéro de reportage : 00619518_000008.

« Après avoir été une attraction foraine, un divertissement analogue au théâtre de boulevard ou un moyen de conserver les images de l’époque, le cinéma devient peu à peu un langage. Un langage, c’est-à-dire une forme dans laquelle et par laquelle un artiste peut exprimer sa pensée, aussi abstraite soit-elle, ou traduire ses obsessions comme il en est aujourd’hui de l’essai ou du roman. C’est pourquoi j’appelle ce nouvel âge du cinéma celui de la caméra-stylo. » (Alexandre Astruc, « Naissance d’une nouvelle avant-garde : la caméra-stylo », L’Écran français n° 144, mars 1948). L’article évoqué ci-dessus devait connaître une éclatante prospérité. Retenons surtout qu’il voulait d’abord émanciper la mise en scène cinématographique des seuls canons de la littérature. Il proclamait l’autonomie des procédés pour un art encore neuf.

Alexandre Astruc est mort le 19 mai. Ce merveilleux « causeur » ne donnait plus de ses nouvelles depuis quelque temps… S’asseoir à la table d’un café dans sa compagnie constituait un vrai bonheur. Il passait du coq à l’âme, suivait des yeux la fine silhouette d’une femme, partait d’un rire de gosse, et, interrogeant sa mémoire, se remémorait une belle colère contre un imbécile, qu’il oubliait d’un haussement d’épaule.

Protestant des Cévennes par ses origines, à jamais parisien de la rive gauche, rat des caves germanopratines dans l’immédiat après-guerre, membre de la Fraternité Maurice Ronet, qui rassemblait les plus belles gueules parmi celles des anars de droite, il déjeunait avec Boris Vian, et dînait avec le diable, qu’on appelait alors Jean-Paul Sartre, mais sans user d’une longue cuillère.

Son brillant esprit fondait la personnalité d’un saltimbanque doublé d’un géomètre : versé dans l’art des mathématiques à un très haut niveau de connaissances, il vénérait la littérature, Orson Wells et, avec lui, le cinématographe.

Bref, chez Alexandre Astruc comme chez Ursula Andress « le cerveau aussi était une zone érogène »[1. Causeur a rendu compte de sa stimulante conversation avec Noël Simsolo dans son numéro 25. En outre, le cher Astruc nous avait accordé un entretien, qu’on lira ici.].



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Né à Paris, il n’est pas pressé d’y mourir, mais se livre tout de même à des repérages dans les cimetières (sa préférence va à Charonne). Feint souvent de comprendre, mais n’en tire aucune conclusion. Par ailleurs éditeur-paquageur, traducteur, auteur, amateur, élémenteur.

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