Aucune fausse note!
Artiste, footballeur ou sœur d’Adama Traoré, chacun y va de sa dénonciation du « racisme systémique » français. Le pianiste Alexandre Tharaud, qui vient de donner un entretien à l’excellente revue de musique classique Diapason, n’échappe pas à la règle. Après quelques considérations sur sa carrière et sur le temps qui passe, l’artiste enfile les perles.
Oui, dit-il, les « cheffes » et les « compositrices » commencent à être reconnues, mais « en revanche, en termes d’origine, le manque de mixité dans les orchestres me met de plus en plus mal à l’aise, surtout en France. » Il voit, ajoute-t-il, beaucoup plus de chanteurs, de solistes et de chefs noirs de l’autre côté de l’Atlantique qu’en Europe.
La population noire étant proportionnellement beaucoup plus élevée aux États-Unis qu’en Europe, ceci pourrait expliquer cela, mais, pour suivre d’assez près les orchestres symphoniques européens et américains, je ne saurais pas dire ce qui justifie les allégations du pianiste. Je vois aussi peu de musiciens noirs dans les orchestres de Boston ou New-York que dans ceux de Londres, Berlin ou Paris. En revanche, les musiciens d’origine asiatique, excellents musiciens de pupitre ou éminents solistes, sont de plus en plus nombreux dans les rangs de ces grands orchestres. Il n’empêche, Tharaud tranche : « je trouve, hélas, que le racisme reste présent dans la musique classique en France, comme dans tant d’autres secteurs de la vie sociale. »
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Le pianiste a également fait une découverte surprenante : les « compositeurs non-blancs » sont « trop souvent mis de côté du répertoire des concerts. » Premièrement, avant la deuxième moitié du XXe siècle les compositeurs de musique dite classique sont très majoritairement des Européens. Deuxièmement, les programmes des plus grandes salles proposent essentiellement de faire entendre la musique d’avant 1950 – ce qui est regrettable mais c’est ainsi. Nous aimerions par conséquent bien savoir de quels « compositeurs non-blancs mis de côté » parle exactement Alexandre Tharaud ?
Sa riche et talentueuse discographie confirme d’ailleurs cet état de fait : Ravel, Chopin, Grieg, Rameau, Bach, Couperin, Satie, Milhaud, Poulenc, Brahms, Rachmaninov, Debussy, Beethoven… pas un seul compositeur non-blanc ! Dans un disque récent (Contemporary Concertos, Janvier 2020), Alexandre Tharaud aurait pu rétablir la balance et combattre ce racisme musical qui le chagrine tant. Mais le sort s’acharne, les compositeurs contemporains joués par Tharaud dans ce disque sont tous des compositeurs blancs.
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Le pianiste joue la partition progressiste jusqu’au bout : il demande que ne soit pas éludée « la charge négative de certaines œuvres ou titres », et aimerait voir « expliquer le racisme, par un texte dans la partition ou une introduction avant le concert. » A-t-il l’intention, pour parfaire le tableau, de mettre un genou à terre au début de chacune de ses prochaines représentations ? Réponse au prochain concert… lequel se tiendra uniquement dans « une salle à l’acoustique parfaite […] construite au milieu des bois », car Alexandre Tharaud ne manque pas de cocher aussi la case écologique et est prêt à lutter contre les « mauvaises habitudes du monde d’avant » : « il n’est pas possible de continuer à prendre l’avion tous les jours. »
Alexandre Tharaud n’est pas une exception dans le monde artistique. C’est à qui dégoulinera le plus en se couvrant de cendres devant l’autel des bonnes causes ! Ce monde est devenu le monde des béni-oui-oui qui se ripolinent la conscience en recyclant les poncifs vertueux. C’est « le monde de ceux qui font les malins », dirait Péguy, de ceux qui nous en remontrent, et qui n’ont de cesse de faire de la France le pire des pays, le plus raciste, le plus intolérant, le plus minable. Eh bien ! Qu’ils restent en Amérique s’ils y trouvent leur bonheur, et qu’ils nous fichent la paix une fois pour toutes.
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