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« Il reste 150 mosquées salafistes en France »

Entretien avec Alexandre Mendel (1/2)


« Il reste 150 mosquées salafistes en France »
Alexandre Mendel à Lunel. Photo : J.R.

Pour notre confrère Alexandre Mendel, auteur de Partition, chronique de la sécession islamiste en France (Editions de l’Artilleur, 2017), les territoires perdus de la République ne le sont pas pour tout le monde. Dans une partie croissante de notre pays, les islamistes grignotent peu à peu notre mode de vie. Ainsi les attentats ne sont-ils que la partie émergée d’un djihad sociétal bien plus pernicieux que le terrorisme. Entretien (1/2).


Daoud Boughezala. « Armée de la haine », « armistice », « résistants » : dans votre livre Partition, chronique de la sécession islamiste en France (Editions de l’Artilleur, 2017), vous employez un lexique très guerrier. Si la France est en guerre, comment définiriez-vous son ennemi : le terrorisme islamiste, l’islamisme, l’islam ?

Alexandre Mendel. Mais qui a employé le mot « guerre » sinon, dans les heures qui ont suivi les attentats du 13-Novembre, François Hollande lui-même ? Qui nous a déclaré la guerre, sinon les quelque 20000 sympathisants de la haine intégriste que répertorie  officiellement le ministère de l’Intérieur. On est en guerre, mais on ne fait pas la guerre. Incroyable, non ?

Et pourtant, nous avons déjà vécu la même situation, entre 1939 et 1940. C’était la « drôle de guerre ». Une guerre sans combat, sans prisonnier, quasiment sans perte humaine et, surtout, sans combat… Excusez-moi d’établir un parallèle mais c’est exactement ce qu’il se passe en France. On a été écrasés par la Blitzkrieg. On est en ce moment écrasé par ce que j’appelle dans Partition la « Spritzkrieg », en référence à ces bobos qui se saoulent de spritz à 10 euros le verre dans les beaux quartiers de Paris, forts de leur bien-pensance, et qui nous condamnent, de fait, puisqu’on les écoute, à une défaite inéluctable face à l’islam intégriste.

Notre ennemi utilise le Coran comme manuel de guerre pour justifier sa guerre.

Vous croyez que nos ennemis s’embarrassent de considérations lexicologiques et morales ? Eux, parlent de guerre, eux, parlent de combat, eux, envisagent la victoire. Ils n’ont pas modifié leur vocabulaire. Ils sont compréhensibles à tout un chacun. Nous, nous ne nommons même pas l’ennemi ! L’ennemi, c’est ce que l’islam de France est devenu depuis la moitié des années 1990. Une religion hybride, entre Coran et projet politique de conquête, qui s’est musclée à la faveur du salafisme importé du Moyen-Orient. Je ne désigne pas l’islam comme ennemi en soi. Je ne dis pas que l’islam est dévoyé. Je ne suis d’ailleurs pas islamologue mais journaliste ! Mais enfin, je constate que notre ennemi utilise le Coran comme manuel de guerre pour justifier sa guerre.

Alors que Gérard Collomb a pérennisé certaines dispositions de l’état d’urgence, pourquoi ne voyez-vous qu’un rideau de fumée dans la lutte antiterroriste que mènent les pouvoirs publics ?

On va aller loin avec les « visites » (observez d’ailleurs, le glissement sémantique opéré entre perquisitions et « visites ») de ces mosquées prévues dans la nouvelle loi antiterroriste, sorte d’état d’urgence light… On se ridiculise, encore une fois jusque dans le vocabulaire choisi. Et en face, les salafistes, eux, se moquent de nos états d’âme d’Occidentaux élevés à la bien-pensance gauchiste pendant des décennies. Pourquoi cette loi n’a-t-elle pas tout simplement prévu la fermeture totale des mosquées salafistes sur tout le territoire français ? Soit environ 150 lieux de culte sur notre sol. Était-ce si compliqué ? Je ne le crois pas.

Seule une poignée de mosquées a été fermée.

J’aurais aimé voir ce débat à l’Assemblée nationale, mené notamment par les multiculturalistes forcenés d’En Marche ! Parce que les tenants de cette « Spritzkrieg »  – les bobos – se seraient arraché les cheveux pour savoir qui est salafiste et qui ne l’est pas. Bref, le législateur aurait lui-même décidé de définir le salafisme. Avec ce résultat : on aurait fermé une dizaine de mosquées, pas plus. On aurait fait la différence entre le salafisme et… le salafisme. Par peur de l’amalgame.

Que s’est-il passé depuis les attentats du 13 novembre ? Une poignée de mosquées a été fermée. Sur cette poignée, beaucoup ont rouvert sous d’autres noms dans d’autres lieux. Je note aussi qu’on n’a pas fait de « prisonniers de guerre » parmi ces ennemis… Quelle farce !

De Trappes à Grasse en passant par Mulhouse, vous décrivez par le menu ces bouts de France où une « charia soft » a force de loi non-écrite : commerces halal, pressions sur la vente d’alcool et la tenue des femmes, refus de la mixité au travail, etc. Établissez-vous un continuum entre l’islamisation de la société et les attentats djihadistes ?

Quand vous laissez tout faire, quand vous cédez à toutes les exigences de la charia, ne vous étonnez pas que certains musulmans radicaux veuillent aller plus loin et accomplir ce que leur prescrit le Coran : mener le djihad, en l’occurrence. Pas besoin d’être Cédric Villani pour résoudre cette simple mais douloureuse équation. J’ai rencontré des patrons de bars qui commencent à céder à la pression d’extrémistes qui ne veulent plus d’alcool dans les débits de boisson. On est juge en son pays, dit-on. Donc, ces portions de pays sont sous la coupe de ces idéologues islamistes de quartiers qui ont déjà – ou croient déjà avoir – conquis le pays !

La puissance numérique des salafistes est telle que leur loi s’applique d’elle-même.

Eux ne s’embarrassent plus à commettre des attentats sanglants pour imposer leur mode de vie. Ils n’en ont pas besoin. Leur puissance numérique est telle que leur loi s’applique d’elle-même. Finalement, l’islamiste en territoire cédé n’a besoin d’aucune arme. Tandis que le djihadiste veut nous tuer dans les territoires qui ne sont pas encore partitionnés.

Par l’image violente de l’islam qu’ils propagent, les attentats ne nuisent-ils pas aux projets de « hallalisation » (Gilles Kepel) de la France ? 

Au contraire ! Plus ils nous tuent, plus on se déculotte. L’Occident qui aime battre sa coulpe se dit : « Peut-être que nous devrions changer notre rapport aux religions… » Vous noterez, d’ailleurs, que l’expression occidentale « fait religieux » remplace le mot « islam » dans nos concessions à la laïcité… Je prends un exemple, celui de l’interdiction du burkini, ce maillot de bain recouvrant intégralement le corps de la femme. Deux mois après les attentats de Nice, à l’été 2016, que fait le Conseil d’Etat, dont, je rappelle, les arrêts ont valeur de loi (en l’absence de loi, justement, sur le sujet) ? Il les autorise ! La plus haute autorité administrative, présidée en certaines circonstances par le Premier ministre lui-même, a donné raison aux extrémistes !

Le djihadisme nous tue physiquement, le communautarisme tue notre mode de vie

On leur accorde plus de droits, on écoute leurs doléances, même les plus délirantes… Ont-ils cessé de nous tuer ? Non ! Prenons un autre exemple, pas si lointain : la Grande-Bretagne qui laisse à peu près tout faire en termes de « hallalisation » du pays a eu également à souffrir, dans sa chair, d’attentats. Longtemps, on a cru que le modèle laïc et républicain français était, en soi, incompatible avec l’islam. Qu’on avait frustré, en quelque sorte, les musulmans. Puis est survenu l’attentat de Manchester, dans un pays qui a cédé, depuis longtemps, à presque toutes les exigences du communautarisme ! On a compris, ou on aurait dû comprendre pour être exact, qu’ils nous détestaient même quand on leur fait des courbettes. L’islam armé de kalachnikovs ou des fantasmes scénarisés par les associations communautaristes a le même but : imposer sa loi, partout. Le premier nous tue physiquement. Le second tue notre mode de vie.

à suivre…

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est journaliste.

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