Sortent un roman inédit d’Alexandre Dumas (Le Comte de Mazzara ) et Robinson Crusoé en Pléiade.
Un Dumas inédit
Qu’il est rafraîchissant de se laisser porter par la plume alerte de Dumas. Point de lourdeurs disgracieuses, de dialogues à la graisse de cheval et de ces longueurs qui assassinent le lecteur, à la veillée. Nos élites devraient relire Dumas, ça donnerait un peu de panache à leur action et de clarté à leur discours. Moins de 200 pages, c’est court diront certains prosateurs universitaires, adorateurs fous des notes de bas de pages. C’est l’assemblage choisi par Alexandre Dumas pour « Le Comte de Mazzara, pour la première fois publié en volume par les Éditions Manucius, dans leur très réussie collection « Aventures & Mystères » dirigée par Mathilde Ribot.
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Cette longue nouvelle a paru dans Le Mousquetaire II, quotidien éclair (novembre 1886-avril 1867) dont Dumas fut le directeur. La genèse de cette œuvre (le décor historique et la virtuosité du propos) est parfaitement restituée dans une préface signée Philippe Radé. Cette partition à quatre mains associe le maître à Ferdinando Petruccelli della Gattina, député et homme de lettres italien (1815-1890). L’élan et le coup de rein final sont, sans nul doute, de la patte du grand Alexandre. On y retrouve le style fumant, les intrigues, la répartie, la cadence, la fougue et le goût sans lesquels un texte se meurt. En mai 1860, dans le Port de Palerme, sous les bons auspices de Garibaldi, les fleurets s’aiguisent comme les couteaux de cuisine. Le lecteur salivera au son des marmites et d’un repas divin : « poulet frit à la chasseur et des œufs brouillés au jus de rognon et aux pointes d’asperges ». Et il succombera à cette langue abrasive : « Dans les provinces méridionales il n’y a d’amour qu’avant le mariage et de galanterie que dans l’adultère ».
Le Comte de Mazzara d’Alexandre Dumas – Editions Manucius
Robinson relié peau
Il y a des livres qui n’en finissent pas de nous fasciner, de nous nourrir et de nous interroger aussi. Le Robinson Crusoé de Daniel Defoe fait partie de ces « monstres » de la littérature soumis aux interprétations multiples qui émeuvent la critique littéraire depuis 1719. Jusqu’au 30 juin, l’édition de la Pléiade est au prix de 47 euros (offre de lancement). C’est un luxe auquel un honnête homme ne peut se soustraire. 1 040 pages. 209 illustrations. Une carte des voyages de Robinson. Un appareil critique inédit. Une préface de Baudouin Millet. La traduction de Pétrus Borel (publiée à Paris en 1836). Et encore d’autres surprises dans cette œuvre qui condense et expie l’humanité. Ce Pléiade est un compagnon de voyage des plus précieux. Qui peut résister à cette première ligne : « La vie et les autres aventures étranges et surprenantes de Robinson Crusoé, marin de natif de York, qui vécut vingt-huit ans seul sur une île déserte de la côte de l’Amérique près de l’embouchure du fleuve Orénoque, après avoir été jeté à la côte au cours d’un naufrage dont il fut le seul survivant, et ce qui lui advint quand il fut mystérieusement délivré par les pirates. »
Robinson Crusoé, Daniel Defoe – Bibliothèque de la Pléiade
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