Accueil Politique Le gouvernement recrute: postulez via Twitter

Le gouvernement recrute: postulez via Twitter

Avant de vous lancer en politique, n'oubliez pas de vous inscrire sur le réseau social


Le gouvernement recrute: postulez via Twitter
Marlène Schiappa et Sibeth Ndiaye, en juillet 2019 © JP PARIENTE/SIPA Numéro de reportage: 00916261_000002

Comme Alexandre Dimeck-Ghione (repéré par Marlène Schiappa) ou tant d’autres célébrités avant lui, faites-vous repérer ! Rien de tel qu’envoyer votre lettre de motivation via les réseaux sociaux pour pénétrer le monde politique.


Ce qu’il y a de bien avec Twitter (ne m’y cherchez pas, je n’en suis pas), c’est qu’en quelques mots il est possible d’y passer pour un génie absolu (cas le plus rare) ou d’y dévoiler la face obscure de la bêtise la plus abyssale ou de la méchanceté la plus crasse. Le cas échéant, le tweet peut aussi valoir lettre de motivation auprès de nos instances gouvernementales, ce que nous démontrerons en fin de chronique.

Il y a quelques mois, Clémentine Autain, revenant sûrement d’un stage sur l’écriture dite inclusive et voulant appliquer immédiatement les nouvelles règles graphiques de ce sabir morsesque (point, tiret, point), gazouillait : « Nous refusons que les droits de nos enfants, étudiant.e.s, élèves, soient à ce point bafoué.e.s ». En même temps qu’elle découvrait cette nouvelle façon d’écrire inclusivement, Madame Autain perdait définitivement sa langue et excluait une de ses plus élémentaires règles d’accord.

Marlène S. reine de Twitter

Au sortir d’un double cursus presque universitaire (licence d’anglais/master de Twitter, ou l’inverse), celle qui allait devenir Secrétaire d’État du gouvernement français, Marlène Schiappa herself, pépiait (au soir de la victoire électorale de notre actuel Président de la République) : « Our president. Global leader », prouvant par là qu’on peut très bien cirer les pompes de son futur employeur dans une langue étrangère et afficher avec force sa motivation grâce à une formule judicieusement courte et dans l’air du « start-up » macronien.

Dans le genre cocasse, sur le compte Twitter des derniers Jeux Paralympiques, au moment d’écouter l’hymne des Jeux, un étourdi écrivit : « L’hymne paralympique résonne, tout le monde debout. » 

A lire aussi: La « métamorphose » végane de Mounir Mahjoubi

Moins drôle, il y eut bien sûr les tweets d’amour et de tolérance de la coqueluche des médias france-intéristes et de Christiane Taubira, Mehdi Meklat, qui appelaient à la sodomisation de Charb « avec des couteaux laguiole » ou à l’égorgement de Marine Le Pen « selon le rite musulman ». Méchants, bêtes, antisémites et homophobes, ces messages avaient quand même eu l’intérêt de montrer comment une classe médiatique, moralisatrice et bien-pensante, mise devant le fait accompli, avait su apprendre en quelques heures les nécessaires contorsions de la Danse du ventre (appelée aussi Danse des explications tirées par la queue).

Belattar, Mélenchon, Alexandre Dimeck-Ghione: l’intelligentsia vous attend

Plus drôle, il y eut Jean-Luc Mélenchon, grand voyageur et prêt à tout pour remplir les caisses de l’État, qui caquetait lors de sa dernière campagne pour les Présidentielles : « Si jamais c’est moi qui arrive au pouvoir, nous irons chercher les exilés fiscaux jusqu’au Pôle nord ! » 

Plus vindicatif, Yassine Belattar a, il y a peu, twitté une menace à peine masquée à l’encontre de notre Ministre de l’Éducation nationale, lui recommandant de ne pas « mettre les pieds dans le 93. » Monsieur Belattar avait déjà eu l’occasion de manifester son humeur acrimonieuse vis-à-vis de ce pays qui lui aura quand même permis de devenir un proche d’Emmanuel Macron et un de ses « conseillers » pour les banlieues. Tout dernièrement, toujours aussi charmant, il a souhaité, à sa manière raffinée, une bonne année à Zineb El Rhazoui en tweetant : « Inch Allah t’es plus là en 2020 ». On sait ce que cela veut dire quand cela vise cette femme sous protection policière continue.

A lire aussi: Yassine Belattar: l’entrepreneur identitaire près du dépôt de bilan

Dans le même esprit chaleureux, Marlène Schiappa (qui avait vu entre la “Manif pour tous” et les « terroristes islamistes » une « convergence idéologique ») a lu un des tweets du militant LGBT Alexandre Dimeck-Ghione et y a reconnu une forme d’acquiescement à l’idée qu’elle se fait des possibilités de manifester pacifiquement en France. Elle a donc promptement nommé le sus-nommé au poste de conseiller de la secrétaire d’État chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes.

Aux ambitieux qui ambitionnent une place, une charge, un siège, un poste de conseiller dans l’actuel gouvernement de notre République, je recommande d’écrire quelques tweets bien sentis, démocratiques, appelant à la libre expression et au débat, tolérants et ouverts, à l’image de ceux de Yassine Belattar ou d’Alexandre Dimeck-Ghione. Ah oui, j’ai oublié de rapporter le gazouillis de ce dernier, et qui a fait office de lettre de motivation auprès de Madama Schiappa : « “La Manif pour Tous” montre qu’elle est un conglomérat de sous-merdes, pas même bonne à faire pousser des champignons. Vous êtes de la même engeance que les salafistes, et devez être considérés avec la même crainte. » Très motivé il est, Alexandre Dimeck-Ghione…

Capture d'écran
Capture d’écran


Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Pierre Robin, apôtre du contre-cool
Article suivant Lutte antiterroriste: GAFA et Telegram s’y prêtent de mauvaise grâce
Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération