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Aldo Sterone : « Je suis le seul blogueur arabe pro-Israël! »

Entretien avec le youtubeur vedette


Aldo Sterone : « Je suis le seul blogueur arabe pro-Israël! »
Aldo Sterone. Phoro : DR.

Avec ses vidéos Youtube tournées dans sa voiture, Aldo Sterone est devenu une des vedettes de l’Internet francophone. N’hésitant pas à aborder des sujets aussi sensibles que l’immigration, l’islam ou le multiculturalisme, cet algérien expatrié en Angleterre ignore le sectarisme et la langue de bois. Entretien exclusif.


Daoud Boughezala. Pour commencer, j’aimerais que vous vous présentiez aux quelques lecteurs de Causeur qui ne vous connaissent pas encore. Comment vous êtes-vous retrouvé à tourner des vidéos Youtube dans votre voiture ?

Aldo Sterone. Je suis un blogueur algérien qui habite près de Londres. A la base, j’avais commencé à réaliser des vidéos en algérien pour les Algériens. Puis j’ai voulu m’adresser aux francophones à travers le canal d’Aldo Sterone qui est arrivé bien après.

Beaucoup de vos vidéos traitent de l’islam en Europe et de l’immigration. Mettons les pieds dans le plat : êtes-vous par principe opposé à l’immigration afro-maghrébine en Europe ?

Non, je n’ai pas cette attitude. Mais je rejette en bloc les antiracistes patentés qui ont poussé des millions d’immigrés vers l’échec et la victimisation alors qu’ils avaient de l’or entre les mains. Ces immigrés étaient sur une terre certes difficile mais qui leur ouvrait des potentialités infiniment plus grande que dans leur pays d’origine. Et je parle aussi pour moi-même : en Algérie, jamais je n’aurais pu atteindre 1% de ce que je fais en Europe. La vie n’est pas facile, y compris pour des gens nés en Europe, occidentaux depuis quinze générations, qui vivent dans la rue ou travaillent chez Starbucks endettés pour vingt ans. Nous sommes huit milliards, notre monde est difficile mais il ne faut pas tout racialiser. Effectivement, quand on vient de loin, c’est évidemment encore plus difficile. Il faut accomplir tout un cheminement pour s’insérer dans une société, en apprendre la langue,trouver une position en harmonie avec sa société d’origine. Mais le discours du type « Les gens sont racistes, il faut m’aider » ouvre la porte à la paupérisation.

Et vous, quel cheminement avez-vous suivi pour émigrer ?

Jeune, comme des millions d’Algériens au pays, je ne rêvais que d’une seule chose : partir. J’étais en conflit avec la société, y compris sur la religion. Peut-être l’étais-je encore davantage que maintenant, l’âge m’ayant modéré. J’ai eu l’opportunité d’étudier en Suisse puis je suis parti vivre en Allemagne et en France. C’est en arrivant ensuite en Angleterre que j’ai trouvé mes marques.

Pourquoi ?
 
Le multiculturalisme y est vraiment assumé. Par exemple, il n’y a pas de discrimination à l’embauche fondée sur le nom. Quelqu’un peut s’appeler Mohamed ou Singh, le business passe avant tout. Si Mohamed a les compétences et apporte une valeur ajoutée à l’entreprise, on l’embauche. On n’est pas obligé de l’aimer mais on respecte ses droits et on le considère comme un individu à part entière. Alors qu’en France, un fossé s’est creusé. La faute est probablement partagée mais au fil du temps et des crises successives, la société française s’est retrouvée avec des communautés dos à dos.

D’ordinaire, le modèle assimilationniste français est érigé en rempart au communautarisme anglo-saxon. Pourquoi l’accusez-vous de favoriser le repli sur soi ?

C’est un peu contre-intuitif. La France est par exemple le pays le plus laïque d’Europe mais aussi (et pourtant) celui où les salafistes et les mouvements religieux extrémistes font la pluie et le beau temps. En France, on professe quelque chose qui ne marche pas dans les faits. Au Royaume-Uni, le multiculturalisme a été poussé jusqu’au bout alors qu’en France, on ne l’assume pas. Certains demandent : « Pourquoi s’appeler Mohamed, porter un voile, faire le Ramadan ? » On ne peut pourtant pas demander à des gens de venir d’ailleurs de devenir identique au Français de souche chrétien en une génération, d’appeler ses enfants Jean-Paul et Marie, d’aimer le vin et le saucisson, etc. Il est inhumain d’exiger de quelqu’un qu’il devienne Français dès qu’il atterrit en France.

Autrement dit, constatant l’échec de l’assimilation, vous incriminez davantage la société d’accueil que les immigrés eux-mêmes… 

C’est compliqué à quantifier. En tout cas, la France a choisi l’immigration de masse tout en ayant des exigences disproportionnées. Et pour reprendre l’expression de Sarkozy, elle n’a pas une immigration choisie. Ceci dit, l’immigration n’est pas vraiment subie : France a créé des lois et des procédures administratives pour sélectionner le type d’individus qui émigrent ensuite chez elle. C’est un choix. Dans cette histoire, les gens font leur shopping. Prenons l’exemple d’un médecin qui va travailler au Qatar pour toucher plus d’argent, avancer dans sa carrière… Un ingénieur ira peut-être aux Etats-Unis ou en Suède. Bref, chacun choisit sa destination en fonction de son profil. A leur échelle, les Africains qui ont d’énormes difficulté sociale et vivent subventionnés par leur Etat font aussi leur shopping. Pourquoi le médecin et l’ingénieur auraient-ils le droit de se déplacer et pas une population plus nombreuse et miséreuse ? Les émigrés pauvres font donc leur shopping en fonction de la disponibilité des aides sociales. Même si on y trouve des immigrés entrepreneurs ou bardés de diplômes, la France va ainsi massivement attirer ce genre de personnes car son système social favorise ce type de profil.

Malgré la dissemblance de leurs modèles sociaux et culturels, la France et le Royaume-Uni voient fleurir les mêmes phénomènes délétères : séparatisme ethnoreligieux, islamisme, tyrannie des minorités… 

Pas dans la même proportion. Au Royaume-Uni, l’immigration musulmane vient majoritairement du Pakistan. Or, ces immigrés n’ont pas de revendications spécifiques, ne se plaignent pas d’avoir été colonisés, ne se disent pas en guerre contre le Royaume-Uni qui a créé leur pays. L’ethnicisation des professions fait qu’on va souvent retrouver les Pakistanais chauffeurs de taxi ou patrons de magasin. Certes, ils se marient entre eux, ramènent une femme du bled, éduquent leurs enfants suivant des principes importés du Pakistan mais ils sont heureux d’être là. Ils ont toujours vécu ainsi et ne voient pas de raison de changer. Ce mode de vie peut être perçu comme une forme de séparatisme culturel, mais sans revendication. On retrouve des enfants de Pakistanais cadres ou universitaires et qui ont réussi à sortir de l’épicerie de papa. Ici, il n’y a pas de tensions, ni de Pakistanais qui tueront quelqu’un pour un regard ou une cigarette. On a plus de chances de se prendre un coup de couteau gratuit d’un Blanc.

Cet ensauvagement est donc le fait du quart-monde ? 

La désindustrialisation induite par l’ultralibéralisme a laissé sur le carreau les membres les plus fragiles de la société. Quand une usine part en Chine, ses ouvriers plongent dans la misère. Dans certains quartiers, une seule personne travaille. Certaines familles voient se succéder trois générations de chômeurs, avec des filles enceintes à 14 ans et des grands-mères âgées d’à peine trente ans. Avec la drogue et la prostitution juvénile, des anglais blancs deviennent ultra-violents. Ils vivent en bandes, apprennent la violence entre eux dès l’enfance dans leur quartier. Il y a aussi des bandes de Noirs qui alimentent le trafic de drogue et l’économie souterraine. Dans la région de Londres, la majorité des victimes et des auteurs de coups de couteau sont noirs. Mais le politiquement correct interdit de le dire. A cause des bien-pensants qui empêchent de cibler les contrôles, la criminalité par arme blanche a explosé à Londres !

Comment expliquez-vous la surreprésentation des immigrés noirs dans ces agressions ?

Particulièrement naïf par rapport à l’explosion démographique des pays du Sud, le Royaume-Uni a été très ouvert à l’immigration dans les années 1990-2000.  A l’époque, il était très facile de falsifier des papiers ou de créer des écoles bidon pour faire venir des émigrés. A cause de ces facilités, tout le monde pouvait entrer, les gens bien comme les voyous, criminels et membres des réseaux de drogue. Si on ne filtre pas les gens à l’entrée, on finit par avoir des indésirables. Depuis, un tour de vis a été donné mais le mal est fait. Aujourd’hui, des quartiers entiers vivent du trafic de drogue qui, comme au Mexique, aux Etats-Unis ou en Colombie, attire une criminalité aveugle.

Dans l’une de vos dernières vidéos, vous vous amusez à comparer la France à Israël. Si le second prenait exemple sur la première, dites-vous, les Israéliens ouvriraient grand leurs frontières aux Egyptiens, Syriens et Jordaniens, sans aucune considération pour sa sécurité. L’Etat juif serait-il donc votre modèle ?

Non, je ne prends aucun Etat en modèle. Chacun a ses qualités et ses défauts. Mais j’ai utilisé cette image forte un peu simplistes pour frapper les esprits. Cela fait partie de mon répertoire d’Africain. En même temps, je ne cache pas être assez pro-israélien. Je pense même être le seul blogueur arabe pro-Israël ! Il est dans l’intérêt des pays arabes de revenir vers une position géostratégiquement réaliste envers Israël. L’affaire palestinienne est devenue un puissant outil de manipulation de la rue arabe. Le résultat est que beaucoup pleurent « ce qui se passe à Gaza » alors qu’eux-mêmes vivent sous le règne du despotisme, de la corruption et de l’arbitraire.

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est journaliste.

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