Accueil Édition Abonné Albin Wagener, un “allié” des femmes qui en fait un peu trop

Albin Wagener, un “allié” des femmes qui en fait un peu trop

Albin Wagener se flagelle, mais cela n'est pas suffisant pour les féministes les plus radicales


Albin Wagener, un “allié” des femmes qui en fait un peu trop
L'nseignant-chercheur de Rennes 2 Albin Wagener Capture d'écran YouTube

L’universitaire publie une tribune révolutionnaire sur le féminisme dans L’Obs. Mais, la révolution dévore toujours ses propres enfants. Le déconstructeur Albin Wagener s’est tellement fait pourrir (et pas que par les «masculinistes») sur Twitter, qu’il a fermé son compte [1]!


« Il est sans doute excessif de prétendre que, à la faveur de certaines de nos procédures actuelles, on pourrait délivrer un doctorat à un âne mort, mais je crois qu’un âne vivant parviendrait à le décrocher ». Simon Leys.

Albin Wagener, titulaire d’un doctorat en sciences du langage, est spécialiste en analyse de discours. Il tient un blog sur le site de Médiapart sur lequel il a expliqué, pendant les présidentielles, pour quelles raisons il s’apprêtait à voter Mélenchon. Le ralliement de personnalités comme Laurence De Cock ou Caroline De Haas lui ont laissé penser « qu’il se passe quelque chose qui mérite d’être soutenu ». Écologiste, anticapitaliste et féministe, il a récemment écrit une tribune involontairement désopilante parue sur le site de L’Obs. S’accablant de tous les maux « masculinistes » il y cafarde également tous les hommes blancs et hétérosexuels qui, selon lui, continuent « d’exercer un pouvoir injuste, dont le spectre va du regard insistant au viol ». Sortez vos mouchoirs et apprêtez-vous à pleurer… de rire.

L’hétéronormativité patriarcale dénoncée sans relâche

À chaque nouvelle affaire sexuelle impliquant un homme politique il n’entend, écrit-il, que « l’assourdissant mutisme de [ses] congénères » ou bien les propos de ceux qui se dédouanent en disant que les hommes ne sont pas tous des violeurs. « Et pourtant, barbouille-t-il en se fessant (exercice difficile), en tant qu’homme blanc qui bénéficie à plein de l’hétéronormativité patriarcale, il me semble évident que l’un des aveux qui pourrait faire avancer la condition féminine serait, justement, d’assumer pleinement une authentique part de culpabilité. » M. Wagener a visiblement gobé la propagande néo-féministe et racialiste, et régurgite pêle-mêle les mots-clés de la novlangue idéologique dans un verbiage aussi chaotiquement rousseauiste que désespérément conforme à la pensée haasienne.

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D’après lui, « nous [les hommes] sommes tous coupables » car « cette hétéronormativité patriarcale est le fruit de schémas sociaux et culturels dont nous héritons » et que nous avons tout intérêt à perpétuer car « nous n’en percevons que des avantages ». D’ailleurs, précise-t-il, la véhémence avec laquelle certains hommes critiquent « l’ouvrage fondateur (sic) » d’Alice Coffin, Le Génie lesbien, ou les propos de Sandrine Rousseau, sont un signe qui ne trompe pas.

Pas de fausse note, le reste de la tribune est aussi affligeant et risible que ces remarques liminaires :

Albin Wagener s’accuse. Enfant, il a soulevé les jupes des filles, cet « événement qui permettait à la domination de se maintenir ». Il se souvient douloureusement qu’il n’a été que « gentiment réprimandé pour ce jeu coquin ». Il s’en mord les doigts aujourd’hui et se fustige de n’avoir pas fait suffisamment pour la gent féminine. Résultat de cette défaillance quasi-ontologique : trente-cinq ans plus tard, sa fille aînée se trouve confrontée en école primaire à des garçons qui ne veulent pas jouer au foot avec elle et ses copines.

Albin Wagener se flagelle. Il n’a pas su échapper à des comportements qui relèvent de « la colonisation des corps ». Comme tous ceux qui ont « maté les filles dans la rue, comme si cela relevait de l’évidence (sic) », qui ont fait « des blagues lourdes » ou qui ont tenté « de séduire, en dépassant les frontières du harcèlement », il a eu « en tant qu’homme, des comportements de ce type » et « probablement d’autres choses dont [il] ne se [rend] pas bien compte mais dont [il est] pourtant tout autant coupable ». On sent le gars qui cherche les ennuis quand même.

Albin Wagener se repent. Il est prêt à tout pour payer ses travers de mâle dominant. Mais attention, en même temps il se méfie « des hommes qui s’autoproclament alliés ». Car, trop souvent, « la posture d’allié permet surtout à certains hommes de continuer de jouir tranquillement de leurs privilèges ». Non, non, non, pas de ça avec M. Wagener. La mesure doit être radicale, définitive et pour tout dire émasculatrice : « Plutôt que d’être des alliés, nous ferions mieux de devenir des saboteurs de la virilité ou des sécessionnistes du masculinisme », proclame le gentil Albin avec une voix tendant vers le contre-ut absolu. Le combat ne fait que commencer mais la lutte est inégale car l’homme a « de son côté tout un système d’oppression – système dont il est à la fois l’héritier, l’acteur, le donneur d’ordre et le bénéficiaire ». Et de conclure, en pleurs : « rendre la société plus juste, ce n’est pas seulement soutenir le féminisme. C’est aussi déconstruire les mythes masculinistes, pour produire les conditions d’une émancipation qui pourra véritablement concerner chacune et chacun. Alors oui, cela peut vouloir dire que vous risquez de vous fâcher avec certains de vos proches ; en d’autres termes, un homme saboteur risque de perdre un ami. En attendant, les femmes, elles, risquent de perdre la vie. »

Il y a deux possibilités : soit Albin Wagener est malin comme un renard universitaire, ne croit absolument pas à ce qu’il a écrit et n’a accompli ce démagogique geste de rédemption que dans le but d’obtenir quelque chose en retour – une gratification quelconque, une visibilité médiatique, les sourires complices ou plus de ses collègues féminines, ou que sais-je encore. Soit, imprégné par la propagande néo-féministe et racialiste, il croit à ce qu’il a écrit et nous ne pouvons alors que présenter nos condoléances à la famille pour la mort prématurée du cerveau de ce chercheur.

Pathétique bêtise

Il y a toutefois quelques raisons de se réjouir de la parution de cette bouffonnerie :

Primo, M. Wagener ayant écrit dans une première version que « le viol constitue déjà, en soi, une forme de féminicide », nombre de lectrices lui ont fait remarquer que cette réflexion était stupide, totalement inappropriée et violente pour les victimes. L’auteur a par conséquent écrit une deuxième version de son papier sans le passage incriminé – ce qui n’enlève rien à la stupidité de l’ensemble de l’œuvre.

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Deuxio, certains commentaires sur le site de L’Obs prouvent que tout le monde n’est pas devenu totalement débile. « Grotesque », « Ridicule » ou « Pathétique bêtise » sont parmi les remarques les plus douces. Un des commentateurs se demande si c’est du troisième degré, tandis qu’une dénommée Marie PM écrit fort justement : « Songeons plutôt au sort désastreux des femmes dans les pays de tradition patriarcale où les femmes ont un statut juridique inférieur et sont opprimées. Or pas un mot pour elles dans cet article de soumission aux lobbys néo féministes excessifs en tous points. »

Tertio, via Twitter des féministes très énervées ont incendié le pauvre Albin qui croyait pourtant avoir bien fait : comment est-il possible qu’un « mec intello pas du tout spécialiste du sujet » s’approprie « les savoirs développés par d’autres, majoritairement des femmes ? » Pourquoi cet « homme cis » n’a-t-il pas « sollicité des féministes pour échanger sur l’opportunité de publier son texte ni pour le relire ? » Et puis, savate l’une d’entre elles, « on n’est pas là pour avoir des potes ou des alliés […] on se cogne de vos discours, quand ils prennent cette forme médiatico-masturbatoire ils font intégralement partie du problème et le jeu du patriarcat ». Une dernière donne le coup de grâce : « Si on fait des critiques [à propos de cet article] c’est parce que bon bah désolée mais y a de fortes chances qu’on connaisse mieux le féminisme et le sujet des violences sexistes et sexuelles que vous ». Et toc !

Albin Wagener s’est tellement fait pourrir sur Twitter, qu’il a fermé son compte [1]. En tant qu’enseignant-chercheur en analyse de discours, sans doute devrait-il profiter de ses vacances pour se pencher sur sa propre production. Pour l’aider à comprendre ce qui s’est passé, nous ne pouvons que lui conseiller de lire et relire le fameux aphorisme de Nicolás Gómez Dávila valable pour toutes les révolutions, y compris la “révolution féministe” à laquelle il a voulu apporter sa pierre (avant de la prendre sur le coin du nez) : « Le révolutionnaire ne découvre “l’esprit authentique de la révolution” que devant le tribunal révolutionnaire qui le condamne ».

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[1] M. Wagener a depuis la publication de cet article rouvert son compte Twitter avec la mention : ces Tweets sont protégés NDLR.




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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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