Ce n’est pas la peine de mentir : nous n’avons jamais été des fans du cinéma d’Alain Resnais. Il aimait Marguerite Duras et Raymond Roussel, ce qui est rédhibitoire surtout pour Roussel, l’écrivain préféré de ceux qui n’aiment pas écrire, ou n’y arrivent pas. Sans compter ses films à succès, qui jouaient sur les deux tableaux de la fausse audace formelle et de la pêche au grand public. Bref, le beurre et l’argent du beurre pour satisfaire ceux que Debord appelaient « les petits agents spécialisés dans les divers emplois de ces «services» dont le système productif actuel a si impérieusement besoin: gestion, contrôle, entretien, recherche, enseignement, propagande, amusement et pseudo-critique. » On connaît la chanson, n’est-ce pas, qu’on fume ou pas…
Et pourtant, pourtant, Resnais a réalisé un des films qui figurent très haut dans notre panthéon intime. Il s’agit de Je t’aime, je t’aime. Film un peu maudit qui aurait pu avoir la palme au festival de Cannes en 68 dont on sait que le déroulement fut perturbé par d’autres événements. Il nous semble que le scénario de ce cher Jacques Sternberg y est sans doute pour beaucoup mais enfin, il n’empêche que Je t’aime, je t’aime, film de science-fiction sentimentale, dans sa façon de traiter la perte amoureuse, la violence tendre du temps qui ne se remonte pas mais, à proprement parler, nous remonte pour mieux nous engloutir, reste ce chef d’oeuvre qui nous met les larmes aux yeux, à chaque fois.
Bref, un seul film suffit.
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