Alain Herriau sort son premier disque, avec deux reprises de Charles Aznavour. Découverte.
Je ne le connaissais pas, du moins je le croyais. J’ai écouté son album Je reviendrai, et sa voix de baryton m’a transporté hors les murs de la maison, loin de la ville grise, vers un horizon de larmes et de sourires. Alain Herriau est originaire d’un petit village de la Mayenne. C’est un frondeur qui tient tête à son père médecin. Pas question de faire médecine comme lui. Il sera chanteur ! Il intègre le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où il obtient son prix de chant. Démarre pour lui une carrière de chanteur lyrique. Mais il décide d’arrêter l’opéra pour préparer l’album Je reviendrai, avec la complicité de Sabrina Le Cravier et Xavier Durot ; album de 12 chansons de facture classique, entraînantes, mélancoliques, intemporelles, dans la lignée de celles de Brel, Ferrat, Guidoni, et Aznavour – il y a deux reprises du « grand » Charles. Les textes, dont les mots racontent des tranches de vie, à la manière de Delpech, sont servis par des musiques variées, où l’accordéon, le piano, les violons ouvrent les portes de notre mémoire. Les souvenirs affluent comme les alluvions les jours de forte marée. Ça souffle, ça électrice, ça fait du bien, même si parfois, ça nous rappelle de douloureux moments. Alain Herriau, le pudique et l’intranquille, n’hésite pas à nous parler de son parcours chaotique dans la très autobiographique chanson « Je n’suis pas mort » qui ouvre l’album :
« …et je les salue,
Ceux qui m’auront cru
Je les compte sur quelques doigts
Ils n’m’auront pas trahi
Je leur dis ‘’merci’’
C’est pour eux aussi que je suis là… »
A lire aussi: François Jonquères, un lecteur plein de panache
Dans le studio d’enregistrement, du haut de ses 1m88, il pointe du doigt une lune imaginaire, tel un personnage de Shakespeare réchappé de l’Achéron. On aime aussi « À Paris », capitale où l’on ne s’arrête plus que pour y travailler, même si ses taxis peuvent réserver de belles surprises ; on a le cœur qui se sert en écoutant « Comme un dimanche » : les amours délaissées ressurgissent sans crier gare. Il faut faire le tri, vite, vite. Et puis, il y a le « prince charmant », venu de Suède à l’âge de 20 ans, avec ses cheveux soyeux, prince du trottoir, de la nuit, du froid, pour les galants, les « sales gueules », les taulards, les vieillards, les jeunes filles, toujours pour le fric. Le violon, comme le violon d’Ivry Gitlis des « Étrangers », chanson interprétée par Léo Ferré, vous bouleverse.
Les mélodies s’installent, les paroles restent, ça nous entraîne dans les replis de la mémoire, ça fait tourner la tête grâce à l’accordéon de la chanson « Le manège », celui de notre enfance, avec auprès de soi, la silhouette de notre mère. L’album s’achève sur « Je reviendrai ». C’est ce qu’on espère, qu’il revienne Alain Herriau. En attendant, c’est Noël, le temps des cadeaux. Son album en est un !
L’album Je reviendrai est en ligne sur toutes les plateformes de streaming, téléchargeable également sur iTunes ou Amazon music.
Et si vous désirez acheter le cd ou le vinyle, écrivez à l’adresse suivante : alainherriau2@gmail.com (cd :12 euros ; vinyle 20 euros + frais d’envoi) • PL. |
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !