Un homme de 39 ans, non pas tout à fait surgi de nulle part mais sans autre passé politique qu’un poste de conseiller à l’Élysée et qu’un passage en coup de vent au ministère de l’Économie et des Finances, vient d’être élu président de la République française. Dans la foulée, le mouvement qu’il a créé a conquis la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Et comme si cela ne suffisait pas, les anciens partis de gouvernement se divisent entre opposants et « constructifs ».
À droite comme à gauche, deux groupes se détachent et proposent au nouveau président de bons et loyaux services dont il n’a même pas besoin. Après avoir terrassé ses adversaires, Emmanuel Macron aimante une partie non négligeable d’entre eux. Cet événement n’a pas de précédent : Bonaparte lui-même avait fait ses preuves avant de devenir Premier consul. Macron, c’est un Napoléon sans pont d’Arcole. Il faut certes se garder de l’illusion rétrospective de fatalité et faire toute sa place à la contingence. Sans les révélations du Canard enchaîné, c’est-à-dire sans les fuites dont ce journal a opportunément bénéficié, François Fillon avait toutes les chances d’être élu et nous de gloser consciencieusement sur la tradition de l’alternance.
Admiration sans adhésion
Il reste qu’Emmanuel Macron a su saisir l’occasion par les cheveux et je partage, sur ce point, le sentiment général : chapeau l’artiste ! Mon admiration cependant ne va pas jusqu’à l’adhésion. Et, lisant les commentaires qui accompagnent chaque pas du successeur de François Hollande, je me
