Accueil Édition Abonné «Il n’y a plus d’obstacle aux avancées de la laideur»

«Il n’y a plus d’obstacle aux avancées de la laideur»

Propos recueillis par Jonathan Siksou


«Il n’y a plus d’obstacle aux avancées de la laideur»
L'académicien Alain Finkielkraut © Hannah Assouline

La dévaluation du regard et du savoir accélère l’enlaidissement du monde. Au nom du relativisme général, plus rien n’est beau et la laideur a droit de cité. Et au nom de la fonctionnalité, on peut dénaturer notre langue et nos paysages.


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Causeur. Avant de parler d’enlaidissement, est-il possible de définir le laid, la laideur ? N’est-ce pas une notion absolument subjective ?

Alain Finkielkraut. Dans son livre L’Écologie ou l’Ivresse de la table rase, Bérénice Levet cite l’association Greenpeace : « Trouver une éolienne moche ou jolie, c’est une histoire de goût personnel et on ne se risquera pas à commenter vos goûts et vos couleurs. Elles attirent le regard car il s’agit de constructions récentes, mais bientôt nous ne les verrons plus, ce n’est qu’une question d’habitude. » Avec ces mots, tout est dit de notre renoncement, de notre capitulation. Le subjectivisme radical est la philosophie de ceux que Renaud Camus appelle « les amis du désastre ». Puisque le beau n’existe pas, la laideur a droit de cité dans le monde. Puisque l’appréciation esthétique est une affaire purement personnelle, les vandales peuvent s’en donner à cœur joie. Ainsi s’efface inexorablement l’opposition millénaire des villes et des campagnes au profit d’une banlieue sans fin. La dévaluation du regard est érigée en victoire sur les préjugés et l’on spécule sur l’habitude pour fermer doucement les yeux de l’humanité récalcitrante. Jeter sur l’enlaidissement


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Septembre 2022 - Causeur #104

Article extrait du Magazine Causeur




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Alain Finkielkraut est philosophe et écrivain. Dernier livre paru : "A la première personne" (Gallimard).

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