Grâce à Marc Cohen, je sais désormais que le petit bouquin Place de la République dont la couverture exhibe une photo de la manif du 11 janvier, signé Abd Al Malik, n’est pas le fait d’un homonyme ou d’un plaisantin. Le gentil rappeur converti au soufisme ne s’est pas contenté de prétendre que les caricaturistes de Charlie ont propagé « islamophobie » et racisme – une façon de dire qu’ils ont bien mérité le carnage du 7 janvier ? -, il a fait son beurre de l’émotion collective.
La semaine dernière, Abd Al Malik a dû sauter de joie en écoutant Europe1. Voici en effet qu’un de ses éminents collègues, Akhenaton, leader du groupe IAM, rejoint ses positions. Après la traditionnelle minute de la haine anti-FN (« si Marine Le Pen prend le pouvoir, je quitte la France » : courageux mais pas téméraire, l’animal…), le rappeur marseillais converti à l’islam a déroulé son prêche : « Moi, je vivais à New-York, ma banquière était voilée, elle faisait très bien son travail (…) en France, on manque de liberté, d’acceptation, d’ouverture d’esprit. »
Malin, l’animateur Thomas Sotto lui demande comment il réagirait si sa fille s’expatriait chez les assassins de l’Etat islamique. Réponse on ne peut plus sérieuse : « Les djihadistes, ça correspond à ce qu’étaient les punks dans ce pays. » La kalach en bandoulière, ça vaut bien le rat sur l’épaule des seventies… Une louche supplémentaire sur la « peur des musulmans » qui étreindrait la France « depuis septembre 2001 » et Akhenaton peut pérorer tranquille : les dessins de Charlie Hebdo représentant Mahomet et « les caricatures des juifs entre les deux guerres. C’est du même acabit. »
Les égorgeurs de Raqqa et Mossoul apprécieront. Si ça se trouve, à chaque fois qu’ils décapitent un « blasphémateur », pour fêter ça, ils dansent le mia.
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