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Aidons l’Ukraine, mais sans déclencher une nouvelle guerre mondiale

Ceux qui pensent que les États-Unis soutiendront l’Ukraine indéfiniment se trompent.


Aidons l’Ukraine, mais sans déclencher une nouvelle guerre mondiale
Président Joe Biden à l'assemblé générale des Nations unies le 21/09/2022 / PHOTO Evan Vucci/AP/SIPA / AP22721503_000050

Certes, les Etat-Unis et l’Europe doivent aider l’Ukraine à résister à l’agression russe, mais il faut éviter un conflit ouvert entre les anciens rivaux de la guerre froide et trouver une solution négociée afin de rétablir la paix. Et avant que l’Ukraine ne rejoigne l’UE, la position de son gouvernement sur la collaboration avec les nazis pendant la seconde guerre mondiale doit être tirée au clair.


« Gentlemen you can’t fight in here, this is the war room », lançait Peter Sellers en président des États-Unis indigné à son chef d’état major et à l’ambassadeur soviétique qui en venaient aux mains dans la salle de la cellule de crise à Washington, au moment où les missiles atomiques américains filaient sur Moscou dans Dr Strangelove, le film de Stanley Kubrick. Entre les Russes et les Américains malgré les invectives, les insultes, les tensions, au cours du dernier siècle ils n’en sont jamais venus aux mains directement. Par nécessaire prudence ils sont toujours demeurés entre eux des « gentlemen ». Les États-Unis ont été en guerre avec les Britanniques, les Français, les Allemands mais jamais avec les Russes. Les États-Unis et les Russes se sont toujours battus par pays clients interposés comme s’ils étaient des pions sur un vaste échiquier. Sans doute, les États-Unis voudraient faire tomber Poutine pour y faire triompher la démocratie et y remplacer une ploutocratie relativement inefficace par un capitalisme rationnel – géré par les alumni d’Harvard et de Yale – et mettre ainsi la main sur une partie des richesses russes qui viendraient contrebalancer les trillons de dollars du déficit américain… La Russie, elle, veut happer les richesses du Donbass et faire entrer dans la famille russe, au mépris de la légalité internationale, sa population qui se sent majoritairement russe.

Ceux qui meurent, ce sont les civils ukrainiens, les soldats russes et ukrainiens. Ils meurent pour une guerre qui aurait dû être évitée et qui signe malheureusement la défaite de la diplomatie.

L’important toutefois aujourd’hui est pour l’Europe de continuer à aider l’Ukraine, mais aussi et avant tout, de ne pas entrer en guerre avec la Russie. Une guerre qui viendrait à nouveau détruire l’Europe pour les prochaines décennies. Il faut pour l’Europe et notamment pour la France et l’Allemagne, qui n’ont pas la même histoire avec la Russie que les pays de l’Est qui ont été colonisés par l’URSS, œuvrer pour trouver un compromis aussi juste ou raisonnable que possible pour arrêter cette guerre porteuse de mort pour ceux qui la font et porteuse de misère pour les populations européennes qui en subissent et en subiront de plus en plus les conséquences.

A lire aussi: Poutine contre l’Occident

Poutine est un dictateur ploutocrate qui a enclenché une guerre qui n’avait pas de nécessité, la Russie n’étant pas immédiatement menacée, mais il n’est pas Hitler. Hitler voulait faire des slaves des esclaves, voulait une Europe soumise idéologiquement au national socialisme d’où serait exclus les Juifs. Poutine veut garder son pouvoir et remettre la main sur le Donbass. Cela ne justifie pas que les États-Unis et l’Europe entrent en guerre. 

Depuis 2014, le régime ukrainien renverse les monuments commémorant la victoire sur le nazisme.

Ajoutons que l’Europe s’est bâtie sur la victoire contre le nazisme et qu’il est contradictoire pour l’Europe d’aujourd’hui de demeurer volontairement silencieuse sans même jamais évoquer le sujet alors que depuis 2014 le régime ukrainien renverse les monuments commémorant la victoire sur le nazisme et dresse des statues, baptise des stades, nomme de larges avenues en l’honneur des nationalistes ukrainiens qui au cours de la seconde guerre mondiale ont collaboré avec les nazis et exterminé des dizaines de milliers de familles juives. Cette vérité ne pourra être étouffée indéfiniment comme elle l’est aujourd’hui, et le problème devra être traité si l’Ukraine désire rejoindre l’Union européenne.

Ceux qui pensent que les États-Unis soutiendront l’Ukraine indéfiniment se trompent. Bientôt, peut-être après les élections de novembre, ils voudront qu’une solution négociée arrive. Il faudra aussi des centaines de milliards de dollars pour rebâtir l’Ukraine. Qui les paiera ? Les Européens ? Cela sera économiquement difficile… Les Russes ? Jamais. Ce sera aux Américains…

La Crimée restera russe et les revenus des richesses du Donbass pourraient être partagées entre Russes et Ukrainiens sous l’égide d’un organisme international.

Qu’est ce que la démocratie américaine a appris de la crise des missiles à Cuba face aux dictatures ? Qu’il fallait être fort et tenir bon ou faire des compromis ? Les deux… Ils ont fait le blocus et ils ont retiré leurs missiles de Turquie. Gardons cependant en mémoire que malgré la rationalité des dirigeants russes et américains, il arrive qu’une étincelle déclenche involontairement un incendie. « L’histoire est un récit plein de bruit et de fureur conté par un idiot et qui ne signifie rien », écrivait Shakespeare.




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