Interdire les phytosanitaires de synthèse et préférer des traitements bio ? Magnifique, à ceci près que le plus courant d’entre eux, la pyréthrine, est issue d’une fleur cultivée en Tanzanie ou en Papouasie-Nouvelle-Guinée, à grand renfort de pesticides conventionnels !
Les pyréthrines sont des insecticides produits à partir de pyrèthres de Dalmatie et de chrysanthèmes. On les retrouve dans des dizaines de préparations homologuées en agriculture biologique. Sauf que les fleurs en question doivent être cultivées quelque part, en l’espèce au Rwanda, en Tanzanie (60 % de la production mondiale), en Papouasie-Nouvelle-Guinée et au Kenya. Selon une étude kenyane, il faut 52 000 plants pour obtenir 25 kg de poudre. Le pyrèthre, sans surprise, est attaqué par des ravageurs comme les champignons. En 2010 déjà, des chercheurs allemands avaient relevé le paradoxe. Le Kenya produit des fleurs séchées de pyrèthre, mais « 95 % de la pyréthrine brute est exportée vers des pays développés plus soucieux de l’environnement, où elle est vendue à prix premium, laissant le Kenya importer des pesticides de synthèse meilleur marché [tooltips content= » I. Macharia, D. Mithöfer, et H. Waibel, « Potential Environmental Impacts of Pesticides Use in the Vegetable Sub-Sector in Kenya », worldagroforestry, 2009. »]
