La Macronie essaie maladroitement de convertir les Français aux joies de l’investissement en Bourse.
Agnès Pannier-Runacher a tenté ce mardi matin sur CNEWS de relativiser l’effondrement de la Bourse. «Nous avons aujourd’hui un système financier qui est beaucoup plus solide que pendant la crise de 2008 […] C’est plutôt le moment de faire des bonnes affaires en Bourse aujourd’hui ».
En tant que secrétaire d’État à l’économie, Agnès Pannier-Runacher est dans son rôle lorsqu’elle tente de rassurer sur la solidité des fondamentaux des entreprises. En revanche, elle sort clairement du cercle de ses attributions en donnant des recommandations boursières. Gérard Leclerc aurait ainsi pu lui demander de préciser sa stratégie d’investissement en ce qui concerne son objectif de gain et les valeurs à privilégier, ce qui aurait permis de mettre en lumière la légèreté du propos. Sans doute que Madame Pannier-Runacher a voulu imiter Donald Trump, peu avare en commentaires boursiers et ayant twitté récemment: « Stock market is starting to look very good to me ». Mais l’influence de la déclaration de la secrétaire d’État sur le marché parisien n’a pas eu l’effet escompté, le CAC 40 ayant clôturé en baisse de -1,5%. N’est pas Trump qui veut !
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Agnès Pannier-Runacher a été à bonne école et marche fidèlement dans les pas de son ministre de tutelle qui, en octobre 2019, se montrait favorable à une réorientation de manière différente de l’épargne des Français avec plus de diversification vers les unités de compte (c’est-à-dire vers la Bourse), en rappelant qu’il faut « servir plus de rendement aux Français qui acceptent plus de risques ». Bruno Le Maire récidivait quelques semaines plus tard au moment de la privatisation de la Française des Jeux, souhaitant « que les Français participent le plus largement possible » et investissent en Bourse. Depuis ses conseils, le CAC 40 est en baisse de près de 20%. Ses recommandations devaient être pour le long terme.
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Comme dit le proverbe, les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Lorsque le président de la République donne des conseils en recherche d’emploi à un jeune homme, il est peu surprenant de voir la secrétaire d’État à l’économie et aux Finances prodiguer des recommandations boursières. Bienvenu dans le nouveau monde, qui ferait presque regretter l’ancien : celui où Lionel Jospin, alors Premier ministre, se vantait de n’avoir jamais détenu d’actions.
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