Ce lundi 2 juillet, notre président normal avait jugé bon d’ouvrir l’intimité de son palais normal aux caméras de TF1 afin de montrer au bon peuple à quel point il était simple, accessible, proche du peuple… en un mot : normal. Seulement voilà, un homme normal commet aussi des bourdes ; et notre président en a commis une belle en laissant traîner sur son bureau quelques documents tout à fait confidentiels qui, dans la tradition jacobine française, n’auraient jamais dû être portés à la connaissance des sujets du royaume.
Le Lab d’Europe 1 ayant décortiqué pour nous ces images volées, on y apprend – ô surprise – que le président de la République a repris le flambeau de son prédécesseur à la direction commerciale du groupe Dassault, que la porte de son bureau reste grande ouverte aux dirigeants des groupes privés (ceux de Capgemini et de Pernod Ricard en l’occurrence), qu’il travaille d’arrache-pied à soigner son image avec l’aide de journalistes consentants et qu’il déjeune avec François Pinault qui, ayant quelque intérêt en la matière, cherchait sans doute à convaincre le chef de l’État de l’utilité du mécénat culturel en général et de la niche fiscale lui étant associée en particulier. Le changement, c’est vraiment pas pour maintenant.
Ce que cette anecdote a de vraiment amusant – pour peu qu’on ait un humour grinçant – ce n’est pas tellement que notre président pseudo-socialiste se comporte comme un VRP de luxe, ni qu’il reçoive la fine fleur du patronat sous les ors de la République ni même qu’il consacre une partie de ses journées à dorer son blason personnel ; le plus drôle, c’est qu’il s’en cache avec beaucoup de soins. Ainsi, la comparaison de cet agenda officieux avec l’officiel – celui qui est publié sur le site de l’Élysée – révèle que ce dernier avait été soigneusement expurgé de toute mention relative aux odieux capitalistes suscités ainsi qu’aux intenses efforts de communication déployés par la présidence pour soigner le culte de sa normalitude.
« Les Français ne doivent pas savoir. » Tout est là : le peuple supposément souverain de France est traité comme une addition de vulgaires sujets. Le cirque politique continue, on a changé la devanture – de l’ombre à la lumière – mais l’arrière-boutique est restée la même depuis l’Ancien Régime. Tant que le bon peuple de France admettra que ses princes lui mentent et ne vivent que de postures, il ne sera jamais souverain et ce prétendu Contrat Social que nous sommes supposés avoir implicitement signé ne sera rien d’autre qu’une farce.
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