Tensions entre Twitter et le président nigérian Muhammadu Buhari qui ne compte pas tolérer l’ingérence des GAFAM…
C’est une guerre de nerfs qui se joue actuellement entre le Nigéria et le réseau social Twitter. Le 4 juin, le gouvernement fédéral de ce pays d’Afrique de l’Ouest a annoncé qu’il suspendait « pour une durée indéterminée » le service de microblogging de la marque à l’oiseau bleu après la suppression d’un tweet du président Muhammadu Buhari. Celui-ci avait menacé les groupes qui mènent des protestations dans le sud-ouest du pays en évoquant la guerre du Biafra : « Ceux d’entre nous […] qui ont connu cette guerre, s’occuperont d’eux dans les seuls termes qu’ils comprennent. »
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Le dirigeant nigérian avait participé à cette guerre civile qui, entre 1967 et 1970, a fait jusqu’à 2 millions de victimes, principalement par la famine. Pour Twitter, le président Buhari a enfreint les règles du réseau social. Mais pour le principal concerné, il s’agit d’une ingérence intolérable dans les affaires internes de son pays. Au Nigéria, il n’est pas question de se faire dicter sa loi par un des Gafam. « Twitter a peut-être ses règles, mais ce ne sont pas des règles universelles. Si un président est extrêmement préoccupé par quelque chose, il est libre de le dire », a rappelé le ministre de l’Information. Pour d’autres, comme Amnesty International, il s’agit d’un prétexte tout trouvé par le gouvernement pour museler l’opinion populaire ou limiter les activités des associations de défense des droits de l’homme.
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Ce bras de fer n’a pas été sans conséquence pour l’économie de ce géant pétrolier. Après négociations, le gouvernement a finalement annoncé que l’interdiction serait levée sous un délai de cent jours, mais à la seule condition que Twitter s’enregistre comme société dans le pays, dispose d’un personnel sur place et paie des impôts. Un conflit numérique qui n’a pas empêché les 3 millions de Nigérians qui utilisent Twitter de contourner la suspension en exploitant les systèmes de VPN.