L’afrikaans, langue germanique issue du néerlandais, indigène à l’Afrique du Sud, est désormais malmenée par le pouvoir…
Le ministre sud-africain de l’Education Blade Nzimande a déclenché un tollé après avoir décidé de reclasser l’afrikaans comme une « langue étrangère ». Parlée par plus de 10 millions de personnes en Afrique australe, elle est souvent assimilée à l’histoire de l’Apartheid, en raison de son enseignement obligatoire.
Bien qu’elle soit protégée par la constitution, Blade Nzimande, a décidé qu’il était temps de mettre fin à ce qu’il considère comme une « hégémonie linguistique issue du colonialisme européen ». Il a déposé un projet de loi visant à contraindre les universités sud-africaines à introduire davantage de cours en langues noires plutôt marginalisées. Les dirigeants de la communauté Afrikaner ont déposé plainte devant tribunaux compétents, la commission des droits de l’Homme et l’Organisation des Nations Unies afin de dénoncer cette nouvelle discrimination à l’encontre de la minorité afrikaner. « C’est un racisme inversé dégoûtant » a déclaré Leon Schreiber, un député de l’opposition qui a accusé le gouvernement de sectarisme et de haine.
« C’est le comble de la discrimination myope. L’afrikaans a été inventée en Afrique du Sud, pas en Europe ni aux Pays-Bas » a déclaré de son côté Alana Bailey, membre d’Afriforum, un mouvement qui défend les droits des Afrikaners. « La droite blanche est trop occupée par la suprématie de la langue afrikaans et ignore continuellement les neuf autres langues de l’Afrique du Sud postcoloniale. Nous sommes maintenant une Afrique du Sud diversifiée et démocratique, et l’afrikaans n’a pas d’avance particulière sur les autres langues » a rétorqué sèchement Blade Nzimande.
Pris à la gorge par l’ampleur de la polémique, le parti de Nelson Mandela a fini par réagir. « Il est évident que la Cour constitutionnelle considère l’afrikaans comme une langue africaine et indigène en Afrique du Sud » ont déclaré les avocats de l’ANC face à un ministre désavoué, contraint de présenter ses excuses à la communauté afrikaner après deux ans d’intenses procédures juridiques.