Gil Mihaely : Un rapport secret rédigé par l’armée américaine et publié par le Times et la BBC démontre que les Talibans, aidés par les Pakistanais, sont en train de reprendre le contrôle en Afghanistan. A l’instar de la récente décision française, les forces de la coalition ne doivent-elles donc pas quitter le pays plus vite que prévu ?
AB : À titre personnel, j’ai toujours considéré que notre effort de solidarité nécessaire avec les États Unis devait se limiter à la libération du pays. Tous les historiens et experts de l’Afghanistan et du « Pachtounistan » rappellent la lourde responsabilité du colonisateur anglais dans la situation contemporaine. Il aurait été sage de ne pas s’y installer.
Q. Est-ce que les Talibans d’aujourd’hui sont les mêmes que ceux qui se sont emparé de l’Afghanistan dans les années 1990 et ont permis à Al-Qaïda d’y installer sa base arrière ?
AB: Ils ont probablement évolué mais leurs fondamentaux idéologiques, théologiques et stratégiques sont proches. Par ailleurs, Ben Laden était leur invité, parfois leur sponsor, mais pas leur chef.
Quelques mois après le début de l’intervention militaire, le but de la guerre s’est élargi. A l’objectif principal de détruire Al-Qaïda et de porter un coup décisif au Jihad mondial se sont en effet ajoutées la démocratisation, la construction d’un Etat et la défense des libertés, notamment celles des femmes afghanes. Quel bilan dresseriez-vous ?
AB : Je dresse un bilan contrasté et difficile à évaluer dans le temps. Toutes ces missions expriment une certaine confusion dans les réécritures politiques d’un engagement militaire venu après une agression exceptionnelle contre les États Unis.
Q: Est-ce que le monde aujourd’hui est plus sûr, grâce à cette guerre ?
AB : Pas en Afghanistan en tout cas…
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