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Afghanistan: relevons les défis

Une tribune de Marine Le Pen


Une tribune libre de Marine Le Pen, député du Pas-de-Calais, présidente du Rassemblement national


La débandade américaine en Afghanistan n’est pas seulement une défaite militaire et politique d’une ampleur comparable à la chute de Saïgon ou à l’accession au pouvoir des ayatollahs iraniens, cet abandon est aussi un naufrage moral et humain. 

Alors que l’islamisme était défait en Syrie, la victoire des talibans va finir d’ébranler les chancelants États de l’Afrique subsaharienne guettés par la constitution imminente d’un califat africain.

Deux menaces immédiates planent sur l’Europe : une menace migratoire avec une vague prévisible de réfugiés et une menace sécuritaire avec une réactivation du terrorisme islamiste par des éléments dormants ou infiltrés dans le flot des réfugiés.

Oser nommer et affronter les problèmes

La question terroriste est bien connue et la solution existe, pour peu qu’il existe une prise de conscience et une volonté politique. Elle n’est rien d’autre qu’une guerre qui nous est menée par une idéologie conquérante et meurtrière mue par l’ambition d’une hégémonie mondiale. Elle appelle de bannir tout esprit munichois et, en pratique, à mettre en œuvre une législation adaptée, c’est-à-dire une législation de guerre.

Face aux flots annoncés de réfugiés, le gouvernement comme l’UE n’envisagent, d’entrée, qu’une seule et unique solution, la grande migration vers l’Europe, cet eldorado qui n’en est plus un.

Refuser les solutions irréfléchies 

Face au drame de l’Afghanistan, nos pays seraient ainsi condamnés au choix binaire du tout ou rien : soit laisser mourir des réfugiés, soit accueillir chez nous des millions de réfugiés. Dans les deux cas, ce serait une faute morale.

Certes, nous devons penser au présent et offrir des solutions qui permettent une mise à l’abri rapide des personnes réellement menacées. Pour être efficace et rapide, ce secours pour les réfugiés doit s’effectuer au plus proche des frontières de l’Afghanistan et être accessible par des couloirs humanitaires. 

Mais, il nous faut aussi croire en l’avenir, c’est-à-dire penser que le régime des talibans ne durera pas et que ceux qui le fuient puissent garder l’espoir de revenir chez eux, sur leurs terres, sur la terre de leurs ancêtres.

Le projet « Asilias »

La solution qui concilierait les exigences apparemment contradictoires entre l’abandon et la migration serait la constitution de zones de protection, en pratique des cités d’accueil à la périphérie de l’Afghanistan à l’instar des «Asilias » décrites par Adjieedj Bakas [1], un intellectuel néerlandais de renom. 

Les emprises foncières de ces sanctuaires humanitaires seraient louées pour 30 ans aux pays d’accueil limitrophes de l’Afghanistan par la communauté internationale ; les puissances disposant de ressources – USA, UE, Japon ou pays du Golfe – seraient mises à contribution soit financièrement, soit par la fourniture de matériaux de construction, soit par la mise à disposition de coopérants. 

Instruction, formation professionnelle, activités économiques seraient pilotées et financées par l’aide internationale. Ces villes disposeraient d’écoles, d’installations médicales, d’entreprises agricoles, artisanales ou même industrielles. Après y avoir trouvé un accueil immédiat, les réfugiés y trouveraient un logement qu’ils aideraient à construire, un emploi, une sécurité de vie, et surtout, l’espoir de retrouver un jour leur pays. 

Sauf secours d’urgence, rien n’y serait gratuit. L’idée serait d’y faire émerger une véritable économie pour des personnes qui, par dignité et réalisme, n’auraient pas vocation à vivre éternellement de l’assistanat mondial.

La question des réfugiés n’est pas nouvelle mais son ampleur prévisible exige de sortir des solutions malavisées dans leur mise en œuvre ou leur application. Les réponses à la question des réfugiés sont prioritairement régionales.

Le projet « Asilias » doit être mis en œuvre aujourd’hui pour l’Afghanistan et la France doit prendre les initiatives diplomatiques en ce sens. Il trouvera très vite à s’appliquer à cette Afrique qui saigne et voit mourir ses enfants sur les routes et sur les mers de l’Europe. 


[1] « Blanc foncé : comment sera le monde après l’ère corona. »



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Députée et présidente du Rassemblement national

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