Une génération d’Afghans libéraux, qui a vécu sous la protection occidentale, n’a opposé aucune résistance aux talibans. Plutôt que de défendre la liberté chez eux, ils voudraient venir chez nous. C’est le problème des sociétés ouvertes: les bobos ne prennent par les armes.
La défaite du régime pro-occidental afghan démontrerait une fois de plus que certains peuples ne sont pas prêts pour la démocratie à cause de leurs traditions rétrogrades. De fait, les cas afghan, irakien, somalien et yéménite semblent valider ce postulat. Cependant, cet échec s’explique peut-être moins par les différences entre « eux » et « nous » que par les ressemblances. Autrement dit, la démocratisation n’a pas échoué à cause de la réticence des Afghans, mais à cause de leur engouement excessif.
Bobos d’ici et de là-bas
Notre modèle démocratique suppose la coexistence de diverses classes, castes, ethnies, idéologies, et modes de vie. Chaque groupe renonce à exterminer les autres, tentant tout au plus de les convertir. Le groupe emblématique de cet idéal de coexistence est celui des urbains libéraux – également appelés bobos.
La tentative pour importer la démocratie occidentale et la société ouverte en Afghanistan a exacerbé les tensions internes et donné l’avantage aux obscurantistes
Derrière les légions d’hommes enturbannés, l’Afghanistan pro-occidental a aussi vu émerger une caste bobo, principalement à Kaboul. Certes, on n’y a pas organisé de Gay Pride, mais on n’y voyait point de burqas, hormis dans les quartiers populaires peuplés de paysans déracinés. Les femmes émancipées, parfois
