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Affaire Zecler: une vidéo contredit la thèse univoque du «passage à tabac»

Le président et les médias devront-ils s'excuser?



La vidéo tronquée diffusée en novembre par Loopsider et le contexte politico-médiatique de dénonciation générale de la police nationale ont joué contre les forces de l’ordre. Une vidéo d’un syndicaliste interroge de grosses manipulations. L’analyse de Philippe Bilger.


Enfin! On attendait depuis si longtemps qu’aux accusations univoques de certains médias et de telle ou telle officine diffusant des vidéos tronquées contre la police, celle-ci puisse opposer la vérité de la réalité de son comportement. C’est fait dorénavant avec « Touche pas à mon flic ».

En préambule, je tiens à préciser qu’on n’a pas à parler des « violences légitimes » de la police, mais de l’usage de la force par cette dernière qui en a le monopole, tandis que ceux qui lui résistent et l’agressent commettent eux « des violences illégitimes ».

Le « flic » de terrain et responsable syndicaliste policier qui durant quinze minutes s’exprime dans la vidéo de « Touche pas à mon flic » démonte de manière convaincante le travail très orienté du site Loopsider et du journaliste David Perrotin sur l’affaire concernant Michel Zecler, survenue le 26 novembre 2020. Construction d’autant plus impressionnante qu’elle s’accompagne d’une musique « anxiogène » et d’un mode accéléré pour les images.

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Mais, grâce à cette vidéo policière qui montre TOUT et est très regardée, nous constatons qu’une version partiale et incomplète de l’interpellation de Michel Zecler a été diffusée et que les informations chiffrées communiquées pour faire sensation sont gravement faussées.

Une équipe au sous-sol

Loopsider parle d’une centaine de coups, on en dénombre quarante, et la scène ne dure pas vingt minutes mais cinq. Surtout ses modalités sont révélatrices, dans ce lieu très étroit et restreint, de la résistance constante et difficile à maîtriser de Zecler qui ne cherche qu’à gagner du temps pour se faire « assister » par son équipe au sous-sol. Probablement aussi ce n’est pas seulement « une odeur de cannabis » qui est en cause, mais quelque chose de plus transgressif puisqu’on remarque le geste de l’un des acolytes jetant quelque chose au sol.

Graves débordements lors des manifestations anti-police le 28 novembre 2020, Paris © Francois Mori/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22517666_000025
Graves débordements lors des manifestations anti-police le 28 novembre 2020, Paris © Francois Mori/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22517666_000025

Ces rectifications substantielles sont décisives même si elles n’interdisent pas une autre appréciation que celle du syndicaliste policier. En tout cas elles mettent à bas la sélection à charge, qui n’a pour but, comme d’habitude, que de favoriser la présomption de culpabilité qui pour Loopsider comme pour Mediapart doit inéluctablement peser sur la police. On choisit, on sélectionne une séquence dans tout le réel, on s’indigne et on stimule la meute qui n’est que trop heureuse de stigmatiser par principe les fonctionnaires de police et de sanctifier en tout la victime.

Un petit festival de démagogie politique et médiatique

Cette partialité est tellement fréquente qu’on peut l’observer dans toutes les empoignades qui mettent aux prises les policiers ou les gendarmes avec des transgresseurs refusant leur interpellation et parfois parvenant un temps à fuir. Par exemple celle ayant conduit à la mort d’Adama Traoré. Le système est redoutable qui ne nous montre jamais l’ensemble des événements, la réalité factuelle dans toute sa plénitude en amont, de sorte que le citoyen chauffé à blanc par des politiques et des médias manipulés et irresponsables ne peut en toute bonne foi que cracher sur les forces de l’ordre. C’est d’une absolue malhonnêteté.

J’avais déjà décrit cette perversion dans un billet du 17 août 2018 (Vive la police malgré tout !) à la suite d’une course poursuite mortelle où un jeune policier avait continué à suivre de sa propre initiative une personne qui s’était soustraite à un contrôle routier. Puis qui avait accéléré pour renverser la patrouille de trois policiers.

La réalité de l’affaire Zecler aurait dû conduire le président de la République à s’abstenir ou au moins à retarder son intervention démagogique évoquant « sa honte. » Elle nous aurait évité le ridicule de ces indignations sportives (Mbappé, Griezmann) et artistiques trop contentes de s’illustrer par un conformisme précipité et ignorant. J’avoue que moi-même, mais dans la nuance, je me suis laissé aller jusqu’à admettre cette possible dérive policière.

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L’affaire Zecler, perçue comme unilatéralement honteuse à l’origine, pourrait engendrer d’heureux effets. Si à chaque polémique biaisée et fragmentaire, délibérément infidèle au réel, on pouvait dorénavant opposer une authentique transparence…

Le syndicat de policiers derrière la vidéo dépose une plainte contre Loopsider

Cette avancée serait d’autant plus nécessaire qu’on annonce et qu’on constate déjà de nouvelles bouffées de violences « antiflics », entre les commissariats attaqués, les embuscades et les rébellions. Je mentionne que 5412 policiers ont été blessés en mission en 2020 et qu’il aurait été utile de connaître le détail de ces agressions.

« Touche pas à mon flic » a déposé plainte, par l’entremise de son avocat, Me Gilles-William Goldnadel, contre Loopsider et David Perrotin pour altération d’un document privé en vue de faire obstacle à la manifestation de la vérité et pour atteinte à la présomption d’innocence. J’espère que le parquet de Paris sera aussi prompt à ordonner une enquête dans cette affaire qu’il l’a été pour d’autres causes douteuses ou non. Ce serait une formidable « première » susceptible de mettre un frein à de grossières manipulations.

Comme c’était prévisible, David Perrotin a répliqué en incriminant « un syndicat de police d’extrême droite ». Le problème n’est pas là, mais sur l’intégrité d’une diffusion : honnêteté professionnelle ou esprit partisan ?

La moindre des choses, si la seconde branche était validée, serait, pour le président de la République et les médias, de s’excuser parce qu’ils ont été trompés et qu’ils ont réagi et informé sans savoir.

On peut toujours rêver !



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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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