Si l’affaire McKinsey n’est pas un scandale d’État, elle révèle une gabegie au plus haut niveau du pouvoir. Elle illustre aussi le mépris des nouveaux gouvernants pour une administration pourtant capable de se passer de consultants incompétents. Un ancien haut fonctionnaire témoigne.
Les milliards d’euros publics gagnés par les cabinets de conseil et le soupçon de pouvoir abusif de ces consultants, « petites puces savantes » surpayées hors du cadre réglementaire de la fonction publique, ont relevé d’une pincée d’épices une campagne présidentielle bien fade. Mais la réalité vécue au quotidien est plus triviale. Pour quiconque a vu ces cabinets au travail, leur a consacré du temps et lu leurs rapports, il y a de quoi rigoler. Jaune.
En vingt-cinq années de carrière dans la haute administration et quelques années comme cadre dirigeant d’un grand groupe industriel français, j’ai accueilli à plusieurs reprises des cabinets de conseil et des consultants en tout genre. Dans le privé surtout, qui en fait une grande consommation, mais également (beaucoup moins) dans le public. À chaque fois, la même conclusion : ces missions sont inutiles et coûteuses.
Les consultants, des ignorants généralistes brillants
Voilà comment ça se passe. Un beau matin, vous apprenez que la boîte/le ministère a fait appel au cabinet Machin pour réfléchir à une nouvelle organisation, évaluer votre performance ou ouvrir de nouvelles perspectives face aux « enjeux de demain ». Super. Pourtant, aucune excitation dans les rangs. Vous et vos agents êtes déjà bien occupés et il va falloir dégager du temps pour ces consultants dont vous suspectez qu’ils vont vous dire ce que vous devez penser [1].
Ce qui n’est d’ailleurs pas le cas. Ces consultants sont polis, rarement arrogants et même reconnaissants. Ils ont intérêt d’ailleurs : sans votre coopération, ils sont morts. La réalité est là. Ces gens rapides
